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Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales

PulvÉriser les vergers jeuneses

Réglage des pulvérisateurs à jet porté pour les vergers de pommiers haute densité
Jason S.T. Deveau, (Ph. D.), spécialiste de la technologie d’application des pesticides, MAAARO

Tandis que la plantation de vergers de pommiers haute densité se poursuit en Ontario (voir la figure 1), les opérateurs de pulvérisateurs doivent faire face au problème de l’adaptation de leurs pratiques de pulvérisation aux dimensions, à la forme, à la densité et au stade de croissance des arbres. Les producteurs ont rencontré un problème semblable dans les années 70 lors du passage de variétés standard de pommiers à des variétés semi-naines.

À cette époque, les pomiculteurs ont utilisé une formule proportionnelle appelée formule du volume de frondaison par rang afin de réduire les quantités appliquées d’environ 3 750 L/ha (400 gal. US/acre) à 1 000 L/ha (environ 110 gal. US/acre). La formule a fonctionné et les produits agrochimiques élaborés aujourd’hui pour une utilisation dans les vergers de pommiers sont généralement testés sur la base de pulvérisations de 1 000 L/ha (à l’exception des produits visant à détremper la cible).

Il faut un nouveau modèle permettant à l’opérateur de maintenir ou d’améliorer l’efficacité des insecticides et des fongicides tout en réduisant le plus possible les pertes. Le modèle de pulvérisation adaptée à la culture actuellement testé par le MAAARO repose sur l’hypothèse que le taux d’application des pesticides pulvérisés sur certaines cultures comme les arbres fruitiers ne devrait pas être lié à la surface de plantation, mais plutôt à la densité des arbres. En d’autres termes, la quantité de produit appliquée par unité de surface doit dépendre du volume de la culture dans le verger et non pas de la superficie de la plantation.

L’objectif final du modèle de pulvérisation adaptée à la culture consiste à ajuster la quantité d’ingrédient actif par unité de surface au sol de façon à ce que la quantité de l’ingrédient par unité de surface cible (habituellement la surface foliaire) demeure constante, quelles que soient la forme et la densité du couvert. L’efficacité du pesticide peut être maintenue si cet objectif est atteint avec suffisamment de précision.

Voici les étapes à suivre si vous utilisez un pulvérisateur à jet porté dans un jeune verger ou un verger haute densité :

  1. Le pulvérisateur doit avoir subi toute la procédure d’entretien annuel avant la première utilisation, ainsi qu’une inspection visuelle avant chaque journée ultérieure d’utilisation.
  2. Placer le pulvérisateur dans une rangée entre les cultures et attacher des rubans de 25 cm aux extrémités du corps des buses et des déflecteurs (le cas échéant). Démarrer le ventilateur et, à l’aide des rubans, estimer la direction de pulvérisation des buses et des déflecteurs. Régler les déflecteurs afin qu’ils dirigent la pulvérisation exclusivement en direction du couvert, ni au-dessus ni en dessous, et fermer les buses qui ne sont pas orientées dans cette même direction (voir la figure 2). Envisager le recours à des cônes creux à induction d’air dans les positions supérieures de chaque rampe afin de réduire la dérive par le vent. Il se peut qu’il faille augmenter le débit à ces endroits pour compenser le fait que les buses qui produisent des gouttelettes plus grosses en produisent en moins grand nombre.
  3. Confirmer la vitesse d’avancement avec un pulvérisateur rempli à moitié dans le verger en utilisant un GPS ou une formule de calibrage.
  4. Fixer des rubans de 25 cm sur le côté le plus éloigné du pulvérisateur de trois arbres. Les attacher au faîte des arbres et aux parties les plus larges des couverts. Passer devant les arbres avec le dispositif de pulvérisation fonctionnant au nombre de tours par minute idéal et avec le ventilateur en marche, et s’assurer que les rubans flottent vers l’extérieur. Vous pourrez ainsi déterminer s’il faudra augmenter ou réduire le débit d’air du pulvérisateur à jet porté et si l’opérateur aura besoin d’accélérer ou de ralentir durant la pulvérisation (voir la figure 3 et la figure 4). C’est également l’occasion de passer à un rapport de vitesse supérieur tout en réduisant le régime du moteur si vous utilisez une pompe volumétrique. Pour en savoir plus, voir la vidéo : « Comment étalonner un pulvérisateur à jet porté » : https://www.youtube.com/watch?v=u8wNd2NREW4
  5. Placer du papier hydrophile au sommet, au milieu et au bas du couvert, et pulvériser de l’eau (voir la figure 5). En guise d’approximation, si la couverture dépasse 15 % de la surface et 85 petites gouttes par centimètre carré, réduire le débit dans les positions correspondantes en remplaçant les buses par des buses à plus faible débit. Si vous obtenez une couverture inférieure à l’idéal, accroître le débit des buses correspondant à ces positions. Une couverture excessive est parfois inévitable aux limites externes du couvert, et ce, étant donné que le pulvérisateur doit passer au travers pour atteindre le centre. Tenir compte du fait que la vitesse du vent ambiant et l’humidité ont des répercussions importantes sur l’ampleur de la couverture. Par conséquent, n’effectuer des essais de couverture que dans des conditions analogues à celles où vous procédez à la pulvérisation. Pour en savoir plus, visionner la vidéo sur l’utilisation appropriée du papier hydrophile « How to use water sensitive paper » à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=P79fH2VdJic (en anglais seulement).
  6. Lorsque le couvert a grossi et s’est suffisamment étoffé, habituellement après le stade du calice, répéter les étapes 4 et 5. Si vous supposez que le produit pulvérisé s’étale en une couche trop mince ou si vous êtes mécontent de la couverture, vous pouvez accroître le débit. Le problème est plus délicat avec des arbres plus grands. Tôt dans la saison, le vent souffle sans rencontrer d’obstacles dans un verger haute densité et dévie une partie du produit pulvérisé, réduisant la couverture, ce qui nécessite, en compensation, des volumes d’eau ou peut-être d’air plus importants. Au fur et à mesure que les arbres s’étoffent, la vitesse moyenne du vent se réduit et une partie plus grande du produit est en mesure d’atteindre sa cible. L’accroissement du volume de pulvérisation après le stade du calice pourrait donc ne pas être nécessaire dans un verger à haute densité.

Lorsque les bons réglages du pulvérisateur et les bons volumes auront été déterminés, l’opérateur effectuera son mélange en cuve comme il l’aurait fait pour d’autres applications habituelles dans un verger de variétés semi-naines. Toutefois, on pourrait, dans un verger haute densité, n’avoir à pulvériser que 300 L/ha, donc la possibilité de parcourir une plus grande distance avec une seule cuve (voir la figure 6). Les feuilles recevront la même quantité absolue d’ingrédient actif que dans un verger plus grand et plus dense, la différence étant qu’il n’y aura pas de perte de produit pulvérisé par pulvérisation excessive.

En fait, cette méthode d’application n’a rien de vraiment complexe, il s’agit simplement d’arrêter les buses dirigées vers le sol ou pointant au-dessus de la cible. Il faudra un certain temps pour que les opérateurs s’habituent à ces nouveaux volumes et au dosage réduit par hectare, une surveillance régulière étant, dans ce contexte, fortement conseillée pour confirmer que sont bien atteints les objectifs de maîtrise des ravageurs.

 

Figure 1 – Un verger type haute densité en Ontario Figure 2 – Épreuve des rubans dans une bleuetière Figure 3 – Diagnostic de pénétration de l’air dans un couvert – partie 1. Figure 4 – Diagnostic de pénétration de l’air dans un couvert – partie 2. Figure 5 – Couverture idéale sur le papier hydrophile et au sommet d’un pommier de 3 m (10 pieds) planté en haute densité Figure 6 – L’objectif ultime du modèle de pulvérisation adaptée à la culture est d’adapter la quantité d’ingrédients actifs par unité de superficie du sol afin que la quantité d’ingrédients actifs par unité de superficie cible