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Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales

Lutte IntÉgrÉe

Une stratégie de lutte intégrée (LI) consiste à combiner tous les outils disponibles pour réduire les populations de ravageurs à un niveau acceptable de la façon la plus économique et la plus écologique possible. Il peut s'agir de méthodes culturales, mécaniques, biologiques et chimiques, ainsi que d'un suivi régulier des ravageurs. Il importe de remarquer que la plupart de ces outils ne font pas appel à des substances chimiques. Dans le cas de bien des cultures spéciales, il y a peu de produits chimiques et d'agents biologiques homologués pour lutter contre les organismes nuisibles, d'où l'importance d'adopter des pratiques culturales susceptibles d'atténuer ou de compenser cette lacune. Pour prévenir ou limiter les effets des ravageurs, il existe de nombreuses méthodes non chimiques, notamment culturales et naturelles. Appliquées isolément, bon nombre de ces méthodes ne donnent pas de résultats satisfaisants, mais combinées, elles peuvent contribuer à réduire les populations de parasites.

Les programmes de LI reposent beaucoup sur l'information recueillie dans le cadre des systèmes culturaux, et demandent aux fruiticulteurs des pratiques de lutte attentives. La mise en œuvre d'un programme de LI exige des fruiticulteurs qu'ils aient une compréhension :

  • de l'identification des ravageurs, de leur biologie et de leurs mœurs;
  • des organismes utiles;
  • des techniques de surveillance et de diagnostic;
  • de l'utilisation des outils de lutte appropriés et de leur mise en œuvre au moment opportun;
  • de la tenue de registres;
  • de la façon d'effectuer le calibrage du pulvérisateur (si des produits sont homologués pour la culture considérée)

La gestion de la lutte intégrée est une expression qui englobe une gamme de techniques, dont plusieurs sont spécifiques à des cultures en particulier, trop vastes pour être traitée en un seul document. Ce qui suit constitue donc une introduction générale à certains des éléments de base de la LI.

PRÉPARATION ET RECHERCHE

La LI est grandement améliorée par une préparation adéquate : déterminer quels sont les organismes nuisibles susceptibles d'être attirés par une culture, et quels sont les moyens applicables pour les éviter. Cette démarche doit être effectuée avant de commencer à planter la culture. Ceci est particulièrement important pour les cultures spéciales pour lesquelles peu de produits de lutte antiparasitaire sont homologués, étant donné que souvent les seuls moyens disponibles sont les mesures de prévention, qui doivent être mises en place avant de commencer les cultures.

Malheureusement, cette étape est souvent négligée par les producteurs de cultures d'un type nouveau ou inhabituel, parce qu'ils commencent souvent par une période favorable où les parasites sont absents. Les parasites ne sont habituellement pas un problème au cours des premières années d'une nouvelle récolte, et ce pour plusieurs raisons. Il se peut que les parasites locaux prennent du temps à reconnaître une nouvelle récolte comme source d'alimentation, que les parasites aient de la difficulté à trouver la petite superficie cultivée, qu'il n'y ait au début qu'un faible taux d'inoculum de parasites dans le sol, etc. Qu'importe la raison, il est facile de pécher par excès de confiance en croyant que la nouvelle récolte n'aura pas de problèmes parasitaires. Malheureusement, les populations de parasites augmentent jusqu'à des niveaux dommageables avec le temps et il est important que vous soyez prêts à y faire face le temps venu. Ne jamais tenir pour acquis que les parasites ne constituent pas une menace pour une culture simplement parce qu'on ne les a pas observés durant les premières années de production. Le meilleur moyen de se préparer à l'émergence de parasites dans une nouvelle récolte est d'adopter une approche proactive - faire appel à des stratégies préventives pour éviter l'émergence de parasites, surveiller la récolte de façon régulière pour les dépister et être prêts à les combattre dès qu'ils apparaissent.

Il est impossible de prévoir tous les parasites possibles qui peuvent s'attaquer à une nouvelle récolte, mais un peu de recherche peut être très utile. Renseignez-vous sur les parasites principaux susceptibles d'attaquer votre récolte dans les régions où elle est généralement cultivée. Si ces parasites sont aussi présents en Ontario ou s'ils ont de proches parents ici, il s'agit de parasites potentiels pour la récolte. Si la récolte est une proche parente d'une récolte actuellement cultivée en Ontario, il faudra prévoir l'éventualité que les parasites de la récolte traditionnelle attaquent aussi la nouvelle récolte. Par exemple, plusieurs cucurbitacées de spécialité, comme le concombre oriental, le melon amer et la courge bouteille, sont affectées par certains des mêmes parasites qui affectent les récoltes ontariennes de cucurbitacées traditionnelles, comme la chrysomèle du concombre et le mildiou.Chaque fiche de culture mentionnée dans les opportunités pour les cultures spéciales comprend une liste des parasites potentiels pour cette culture en Ontario. Ces parasites ont soit été observés dans une culture donnée en Ontario par des spécialistes des cultures, des chercheurs ou des cultivateurs, ou sont considérés comme des menaces potentielles du fait de leur effet sur la culture en question dans sa région d'origine, ou sur des cultures apparentées. Pour plus de renseignements sur certains de ces parasites, consulter les sections générales sur les insectes et sur les maladies.

Une fois que vous aurez une idée des parasites susceptibles de nuire à votre récolte, vous pourrez envisager les mesures que vous prendrez pour les combattre. Les cultivateurs qui aimeraient bien se fier aux produits antiparasitaires pour contrôler les parasites, devraient identifier quels produits sont homologués pour la récolte qui les intéresse avant de la planter. De nombreuses récoltes non traditionnelles ont peu de produits enregistrés à leur intention. La détermination des produits antiparasitaires homologués pour une culture spéciale à petite échelle peut se révéler un problème. Pour plus de renseignements sur le choix des produits antiparasitaires, consulter la section sur les produits de lutte antiparasitaire pour les cultures spéciales. Pour les récoltes pour lesquelles il existe peu de produits antiparasitaires, mais qui sont susceptibles d'être fortement attaquées par des parasites, il vous faudra décider si vous êtes prêt à perdre votre récolte tout entière en raison d'une infestation.

S'il n'existe pas de produits chimiques enregistrés et que vous ne pouvez tolérer l'endommagement de votre récolte, votre seule option sera de faire appel à diverses méthodes non chimiques pour lutter contre les parasites. Ces techniques peuvent être efficaces pour réduire les populations parasitaires dans beaucoup de situations; cependant, elles peuvent exiger un apport important de main-d'œuvre et être coûteuses. Aussi, beaucoup de ces techniques sont préventives, ce qui signifie qu'elles ne seront pas efficaces après avoir décelé la présence de parasites dans la récolte.

La défense la plus efficace est sans doute d'éviter l'émergence de parasites. Choisissez des variétés résistantes aux parasites et des graines de haute qualité, si possible. Pour certaines récoltes, des graines ou des plants certifiés exempts de maladie existent sur le marché. Ils peuvent coûter plus cher, mais être plus rentables en fin de compte. Veillez à la propreté de vos champs en utilisant avec vigilance des pratiques d'assainissement des champs et en gérant les résidus de récolte.

En pratiquant la rotation des cultures, vous pourrez réduire le nombre de certains insectes et maladies terrestres, comme c'est le cas pour la flétrissure verticillienne de l'aubergine. Il peut être tentant de raccourcir le cycle de rotation des cultures ou de l'éliminer si une récolte non traditionnelle ne montre aucun signe d'endommagement causé par les parasites pendant les premières années de production. Mais l'absence de rotation adéquate provoque habituellement des problèmes à long terme, puisqu'elle encourage l'accumulation des populations de ravageurs dans le sol.

Un nombre d'autres techniques peuvent aussi être utilisées pour réduire les populations de ravageurs, dont les plantations intercalaires, varier les dates et les densités des plantations, le travail du sol et les ennemis naturels. Vous trouverez des renseignements sur ces techniques à la section sur les méthodes de lutte culturale et naturelle du présent document, ou sur le site Web du MAAARO.

SURVEILLANCE

La surveillance systématique des populations d'organismes nuisibles, des conditions atmosphériques, de la santé des végétaux et des symptômes de maladie est un élément crucial de la réussite d'un programme de LI. Elle permet de détecter les ravageurs à un stade précoce, avant qu'ils se soient trop multipliés. En cas de problème dans les cultures, il est important d'effectuer à temps le diagnostic approprié pour pouvoir choisir et mettre en œuvre les méthodes de lutte les plus efficaces. Il sera ainsi possible de limiter les répercussions sur le rendement ou la valeur esthétique des plantes. Cela est surtout important pour les cultures spéciales, celles dont vous ignorez la nature des ravageurs les plus susceptibles d'attaquer ou s'il existe des contrôles chimiques.

A. Dépistage

La surveillance des cultures en LI est souvent appelée dépistage. Le dépistage consiste en une inspection routinière et systématique d'un champ de façon à vérifier le développement de la culture, la santé des plantes, et la présence d'organismes nuisibles ou utiles. Les inspections de routine sont importantes, car elles permettent de constater dans quelle mesure les populations de parasites changent au cours de la saison, ce qui peut bien sûr avoir une grande importance pour le choix des moyens de contrôle à employer. Ce travail de dépistage peut être effectué par des professionnels indépendants, par le cultivateur, ou par un employé de ferme expérimenté.

Avant d'entreprendre un programme de dépistage, passer en revue les différents parasites potentiels identifiés lors de la recherche initiale. Apprendre à identifier les stades et les dommages causés par les maladies possibles, et comprendre la biologie et les cycles biologiques des insectes qui causent ces maladies. Reconnaître les insectes utiles, ainsi que les insectes inoffensifs. Si des plantes déjà cultivées par le passé dans les mêmes champs ont des parasites en commun avec la culture spéciale, se servir des données historiques pour identifier les foyers d'infection ou d'infestation et les problèmes précédents. Se familiariser avec l'apparence normale de la plante et son type de croissance. Il est important de pouvoir décrire d'éventuelles anomalies.

Les quelques conseils sur le dépistage qui suivent sont tirés des ressources de LI du MAAARO et autres publications. Consulter le site web du MAAARO pour plus de détails sur le dépistage.

  • Rassemblez vos outils de dépistage et amenez-les au champ avec vous :
    • une loupe grossissant de 16 à 20 fois;
    • des pièges;
    • des sacs collecteurs et des éprouvettes;
    • des cartes montrant les cultivars, l'âge du peuplement, la végétation et les caractéristiques des environs;
    • du ruban à drapeau;
    • une pelle ou une truelle robuste;
    • un canif;
    • des fiches de surveillance et des feuilles de note;
    • du matériel de carottage, et un seau peuvent être utiles pour de l'échantillonnage de nutriants ou de nématodes.
  • Faire des observations au moins une fois par semaine et de préférence deux fois pendant les stades critiques.
  • Effectuer la surveillance à la même heure chaque jour, en tournant le dos au soleil.
  • Inspecter les plants en plusieurs points du champ afin de bien évaluer la pression exercée par les ennemis à combattre.
  • Faire le dépistage du pourtour et de l'intérieur du champ séparément. Porter une attention particulière au pourtour des champs.
  • S'éloigner pour repérer de loin d'éventuels schèmes de répartition des dommages, comme des plaques ou des zones parsemées, ou encore des zones où la culture présente une décoloration.
  • S'approcher et examiner les grappes de fruits, le dessous des feuilles, l'intérieur de la frondaison, etc.
  • Symptômes auxquels porter une attention particulière, et autres considérations :
    • la plante est-elle flétrie, y-a-t-il un dépérissement terminal ou une décoloration;
    • chercher également les moisissures, le mildiou, les champignons et les autres structures productrices de spores. Rechercher aussi la présence d'un liquide opaque (exsudation bactérienne) qui peut être le signe d'une maladie infectieuse;
    • inspecter soigneusement les plants pour y rechercher des toiles, des mues, des excréments et d'autres traces de présence de ravageurs ou le ravageur lui même. De nombreux insectes, comme les pucerons, les chenilles et les coléoptères, sont parfaitement visibles. D'autres, comme les asticots, manifestent rarement leur présence avant d'avoir causé des dégâts. Si les ravageurs en cause ont déjà été présents dans le passé, il faudra prendre des mesures préventives;
    • quelle est la répartition des symptômes sur le plant et sur les plants voisins; quelles sont les espèces autres que la culture qui sont touchées (le cas échéant);
    • ne pas oublier que de nombreux ravageurs agissent dans le sol, où ils sont invisibles. Il pourra être nécessaire de déterrer un plant pour rechercher les insectes terricoles ou les dommages qu'ils ont infligés aux racines;
    • à noter également que les conditions météorologiques, l'emplacement, l'état du sol et les pratiques culturales (utilisation de produits antiparasitaires, épandage d'engrais, arrosage) ont aussi un effet sur la croissance des plantes. Dans bien des cas, c'est un ensemble de facteurs qui est en cause. Les plantes qui subissent déjà un stress en raison de la mauvaise qualité du milieu, par exemple, résistent moins bien aux maladies infectieuses et aux ravageurs.
  • Bien noter ses observations à chaque inspection, incluant :
    • note du stade phénologique de la culture;
    • la gravité de la maladie;
    • le niveau de population des insectes utiles et des insectes nuisibles.
    • les dommages observés;
    • garder un plan du champ et y consigner les zones touchées;
    • les précipitations, les températures maximales et minimales quotidiennes ainsi que les phénomènes météorologiques;
    • les traitements aux produits antiparasitaires et autres interventions phytosanitaires effectués.
  • Le dépistage peut comprendre la collecte d'échantillons. Le prélèvement d'échantillons vise à recueillir des données représentatives de l'ensemble de la zone surveillée.
  • Ceci comprend la collecte d'échantillons végétaux à des fins d'examen microscopique ou à la loupe, pour l'observation ou le comptage des parasites très petits (p. ex. le nombre d'acariens par arbre). Pour l'échantillonnage :
    • diviser les grandes plantations en placettes d'échantillonnage;
      parcourir le champ en formant un W ou en zigzag de manière à obtenir des échantillons représentatifs du champ;
    • détourner le regard des plants au moment de prendre des échantillons des feuilles, des fruits, etc., pour éviter la tendance à choisir des feuilles ou des fruits endommagés et de biaiser ainsi l'échantillonnage.

B. Diagnostic

L'identification correcte du parasite qui est source du problème est critique pour un plan de LI antiparasitaire efficace et économique. Le traitement contre la mauvaise espèce de parasites représente des dépenses en temps et en argent, et le retard dans l'application du plan de lutte approprié contre le parasite réellement concerné peut entraîner la perte de la culture. Il est facile de confondre entre les dommages occasionnés par les insectes, les maladies et les facteurs abiotiques. Par exemple, les acariens et les cicadelles peuvent tous deux causer le bronzage et la distorsion des feuilles de houblon, tout comme certaines déficiences en nutriants. Des feuilles cassantes et déformées peuvent aussi résulter d'une mort des feuilles causée par certaines maladies. Il est donc important de retenir que pour une culture spéciale donnée, il est facile de mal identifier un parasite.

En suivant les étapes décrites dans les sections précédentes, et en effectuant une surveillance de routine pour les parasites les plus probables, les producteurs devraient être en mesure de voir survenir les problèmes de parasites dans de nouvelles cultures. Par contre, les producteurs de cultures spéciales sont désavantagés du fait que ces cultures sont nouvelles en Ontario, et qu'il n'existe pas autant de sources d'informations sur leurs parasites principaux, comparés aux cultures à grande échelle.

Il existe un large éventail de ressources disponibles pour aider à l'identification des parasites. Parmi celles-ci :

  • Le site web LIcultures Ontario est une ressource en ligne pour aider à identification des parasites les plus importants chez les principales cultures horticoles en Ontario. Bien qu'il vise avant tout les cultures à grande échelle, on y trouve des photographies de nombreux parasites qui peuvent infester les cultures spéciales. Bien prendre note que cette ressource peut mentionner des produits antiparasitaires qui ne sont pas homologués pour les cultures spéciales.
  • Le site web BugGuide (en anglais) possède une grande collection de photos des insectes d'Amérique du Nord.
  • L'Association Américaine de phytopathologie publie une série de livres en anglais contenant de l'information détaillée sur des groupes spécifiques de cultures (p. ex. Compendium of Brassica Diseases, Compendium of Lettuce Diseases, etc.). Ces livres sont disponibles dans leur magasin en ligne, ainsi que dans plusieurs librairies universitaires ou sur divers sites web de libraires.
  • Parmi les livres utiles, mentionnons :
    • Howard, R.J., Garland, J.A. and Seaman, W.L. 1994. "Diseases and Pests of Vegetable Crops in Canada". Canada Phytopathological Society.
    • Koike, S.T., Gladders, P. and Paulus, A.O. 2006. Vegetable Diseases: A Color Handbook. Academic Press.
    • Datnoff, L.E., Elmer, W.H. and Huber, D.M. 2007. Mineral Nutrition and Plant Disease. American Phytopathological Society.
    • Marshall, S.A. 2006. Insects: Their Natural History and Diversity. A Photographic Guide to Insects of Eastern North America. Firefly Books.
  • Il y a également des ressources pour aider à identifier des insectes bénéfiques et à les distinguer des parasites. Celles-ci incluent :
    • Les galleries de photographies d'insectes utiles du site web LIcultures du MAAARO pour les pommes, le raisin et les fruits tendres.
    • Le groupe de travail sur les légumes des Grands Lacs a produit un excellent dépliant et une excellente vidéo sur l'identification des ennemis naturels des cultures légumières.
    • Une ressource sur les ennemis naturels du site web de L'université Cornell

Malgré la gamme de ressources disponibles, l'identification exacte d'un parasite peut se révéler difficile pour la production de nombres de cultures, en particulier les cultures spéciales. Lorsque les dommages sont considérables et que le parasite échappe à l'identification, une aide professionnelle peut être requise. Les endroits où chercher de l'aide incluent :

  • les laboratoires d'analyse des feuilles;
  • les laboratoires d'analyse des sols;
  • la Clinique de diagnostic des parasites de l'université de Guelph;
  • les agrologues et consultants en cultures;
  • les spécialistes du MAAARO.

SEUILS D'INTERVENTION

Un programme de lutte intégrée comporte des balises ou seuils d'intervention qui indiquent à quel moment il devient justifié de recourir aux produits antiparasitaires pour prévenir les pertes économiques. Le choix du moment des interventions est d'une importance capitale. Ainsi, en ce qui concerne les insectes, les seuils d'intervention sont atteints quand les dommages auxquels on expose la culture en n'intervenant pas coûteraient plus cher que les traitements. En d'autres termes, on tolère certains dommages à la culture tant que ceux-ci n'excèdent pas le coût des interventions. Dans le cas des insectes nuisibles, les seuils d'intervention reposent habituellement sur des niveaux de population précis. Les seuils d'intervention établis pour les ennemis directs (ceux qui se nourrissent des fruits et qui ont un effet immédiat sur la qualité du fruit) sont généralement plus bas que les seuils d'intervention établis pour les ennemis indirects (ceux qui se nourrissent des feuilles, des tiges ou des racines).

Dans le cas des maladies, les directives peuvent être basées sur les dommages éventuels causés par les maladies. Cette estimation est faite à partir des modèles météorologiques, de la tolérance de la culture, du stade phénologique de la culture et des observations sur le terrain. Des seuils d'intervention n'ont pas été mis au point ni validés pour tous les ennemis des cultures en Ontario. Même les seuils d'intervention établis nécessitent des ajustements en fonction des différentes variétés, des marchés et de la vigueur de la culture.Un programme de lutte intégrée comporte des balises ou seuils d'intervention qui indiquent à quel moment il devient justifié de recourir aux produits antiparasitaires pour prévenir les pertes économiques. Le choix du moment des interventions est d'une importance capitale. Ainsi, en ce qui concerne les insectes, les seuils d'intervention sont atteints quand les dommages auxquels on expose la culture en n'intervenant pas coûteraient plus cher que les traitements. En d'autres termes, on tolère certains dommages à la culture tant que ceux-ci n'excèdent pas le coût des interventions. En ce qui concerne les agents pathogènes, les mauvaises herbes, les nématodes et les vertébrés, les seuils d'intervention sont établis en fonction de plusieurs facteurs, dont les conditions météorologiques, les antécédents culturaux, le stade phénologique de la culture et les résultats des observations sur le terrain.

Les seuils d'intervention ne sont pas déterminés pour la plupart des cultures spéciales en Ontario. Ces seuils peuvent toutefois exister pour les cultures spéciales dans d'autres régions où elles sont cultivées à plus grande échelle, ou pour le même parasite sur d'autres cultures en Ontario. Bien que ces informations puissent servir de guide, dans la plupart des cas, les cultivateurs devront faire usage de leur propre jugement pour savoir quelle pression des parasites leur culture peut tolérer.

Prendre en compte l'état général de la culture; si celle-ci est stressée pour d'autres raisons, elle résistera moins bien aux ravageurs que si elle est en bonne santé. Le moment où les dommages surviennent revêt également une certaine importance; en effet, les plantes sont souvent plus sensibles à l'action des ravageurs à certains stades de leur développement. Par exemple, les légumes sont extrêmement vulnérables aux insectes, aux maladies et à la concurrence exercée par les mauvaises herbes lorsqu'ils sont à l'état de plantules, mais ils tolèrent bien certains dommages aux stades ultérieurs de leur développement, en particulier sur leurs parties non récoltées. Tenir compte de l'emplacement des dommages et de leur gravité. Les méthodes de contrôles disponibles devraient aussi être examinées. Si la méthode envisagée n'a des effets qu'après un long délai (par exemple, introduction de certains prédateurs naturels) ou ne permet qu'une maîtrise partielle, on peut décider de la mettre en œuvre lorsque les populations de ravageurs seront plus faibles.

Finalement, ne pas oublier qu'il est normal que les ravageurs fassent quelques dégâts dans les plantes, et que dans la plupart des cas, les dommages mineurs n'ont pas de répercussions durables. Certaines récoltes non traditionnelles peuvent tolérer une plus grande pression parasitaire que les récoltes traditionnelles. Deux exemples en sont le brome cathartique (comme biocarburant) et l'argousier. Bien que ces récoltes aient besoin de soutien pendant leur année d'établissement, toutes deux développent un réseau de racines suffisamment étendu pour leur permettre de faire concurrence aux mauvaises herbes. Aucun herbicide n'est enregistré pour ces plantes, ce qui signifie que ceux qui les cultivent ont dû couper les mauvaises herbes pour les contrôler. Bien que le résultat ne soit pas esthétique, la récolte ne semble pas en être affectée. Aussi, dans certains cas, vous pouvez cibler vos efforts de lutte antiparasitaire sur la partie de la plante qui sera récoltée. Par exemple, vous pouvez tolérer la tache des feuilles sur le chou-rave, puisque seulement la racine est habituellement vendue. Mais il ne s'agit pas d'une règle générale; des dommages excessifs aux parties non récoltées peuvent parfois avoir des répercussions sur la récolte elle-même.

LUTTE CONTRE LES ENNEMIS DES CULTURES

La lutte intégrée réussie contre les ennemis des cultures insiste sur les approches multiples, à la fois chimiques, culturales et biologiques. Il peut être compliqué de déterminer quelles sont les méthodes de contrôle chimiques disponibles pour une culture spéciale, aussi cette approche est-elle le sujet d'une section particulière. Les tactiques de contrôle culturales, mécaniques et biologiques sont brièvement décrites dans les paragraphes qui suivent.

A. Méthodes de lutte culturale

Les méthodes de lutte culturale consistent à modifier les pratiques de mise en terre, de travail du sol et autres dans le but de rendre le milieu moins propice au développement et à la propagation des ravageurs. Leur mise en œuvre commence habituellement de façon précoce, parfois même avant la mise en terre, parce que la meilleure stratégie est d'abord d'empêcher ces espèces de s'installer. Cette méthode donne toujours de meilleurs résultats que la lutte contre les ravageurs lorsqu'ils sont déjà présents. L'un des principaux volets consiste à maintenir les plantes dans le meilleur état de santé possible; en effet, elles peuvent ainsi mieux résister aux attaques des espèces nuisibles que si elles sont soumises à un stress dû à l'un ou l'autre des facteurs environnementaux.

Rotation des cultures - La rotation des cultures consiste à semer ou planter en alternance, à un endroit donné, des espèces végétales non apparentées afin de limiter les risques de colonisation du sol par les organismes pathogènes ou des ravageurs spécifiques à une culture donnée. La rotation des cultures est un élément important de la lutte antiparasitaire, parce qu'elle sert des objectifs tels que la réduction de l'habitat et des sources de nutrition des ennemis des cultures et l'amélioration des sols. La rotation devrait concerner des cultures capables de concurrencer les mauvaises herbes avec d'autres qui le sont moins, notamment des cultures qui font partie de différentes familles de plantes. La rotation culturale réduit le risque de maladies des plantes, affaiblit la population des ravageurs spécifiques à une culture, augmente les rendements et réduit l'érosion du sol. Plus la rotation est longue, moins les ennemis des cultures ont une chance de s'installer dans le champ. En incluant une légumineuse dans la rotation, on améliore la structure du sol, la teneur en matière organique et les réserves d'azote.

La rotation des cultures n'est efficace que pour certains types de parasites, soit ceux qui ont une gamme d'hôtes limitée, qui ne sont pas très mobiles, et dont la survie dans le sol ne dépasse pas une année ou deux. La rotation des cultures est la plus efficace contre les parasites qui ont une spécificité d'hôte très limitée, et ne survivent pas longtemps dans le sol. De bons exemples de ce type de parasites sont la cécidomyie du chou-fleur et la maladie à champignons Sclerotinia. La cécidomyie du chou-fleur, un asticot qui s'attaque aux crucifères et qui n'a pas de capacité de vol à longue distance, peut être contrôlée en faisant la rotation des brassicacées pendant deux ans. Les spores de Sclerotinia germent durant les deux premières années après avoir été déposées, de sorte qu'une rotation de cultures à toutes les trois ou quatre est une méthode efficace pour contrer la maladie. Les parasites qui subsistent plusieurs années dans le sol, tels que les vers fil-de-fer (3 à 6 ans) ou les flétrissures à Fusarium (5 à 7 ans), les parasites avec une large spécificité d'hôte (p. ex., punaise terne, Botrytis) et les parasites qui volent ou sont portés par le vent sur de longues distances (p. ex. mildiou du concombre) ne sont pas bien contrôlés par la rotation des cultures.

Cultures de couverture - Une culture de couverture (ou culture-abri) peut être définie comme toute culture qui est incluse dans une culture de rotation, dont l'objectif est d'apporter un bénéfice biologique, et non pour être vendue. Les cultures de couverture comportent plusieurs avantages (p. ex. ajouter de la matière organique, améliorer la structure du sol), outre celui de réduire les populations de parasites, selon le type de culture de couverture employé. Les cultures de couverture comme le millet à chandelle, le tagète et le sorgho du Soudan (le producteur voudra s'assurer d'avoir la bonne variété de sorgho, p. ex. Sordan 79 ou Trudan 8) peuvent réduire le nombre de nématodes l'année qui précède la plantation des fraises ou en préparation de la replantation dans les vergers. Quand on utilise les cultures de couverture pour supprimer les nématodes, il faut établir des peuplements purs dont la croissance est vigoureuse. Il faut veiller à un peuplement dense dont le couvert supérieur est le plus généreux possible lors de la plantation et de l'établissement. L'utilisation de cultures de couverture pour éliminer les parasites requiert une gestion très attentive. Par exemple, alors que certaines variétés de millet perlé sont utilisées pour éliminer les nématodes, certaines autres peuvent en fait favoriser ces organismes nuisibles. Un bon contrôle des herbes est aussi nécessaire, car plusieurs peuvent servir d'hôte de remplacement pour les nématodes, permettant ainsi à ces parasites de persister plus longtemps dans le sol. Enfin, une tonte soignée et une incorporation rapide sont essentielles pour que les effets suppresseurs de parasites se fassent sentir.

Variétés résistantes - Les diverses variétés de plantes peuvent avoir des réponses extrêmement variables aux insectes et aux maladies, certaines étant beaucoup plus tolérantes que d'autres. Cette résistance peut résulter de caractéristiques physiques ou de la production de substances chimiques qui repoussent les ravageurs ou les tuent; elle peut aussi être due à divers autres facteurs, notamment la capacité de conserver une certaine vigueur en présence de dommages importants. Par exemple, les variétés de noisetier avec des bourgeons plus serrés sont moins sujettes à l'envahissement par le phytopte du noisetier. Les sélectionneurs ont inclus dans leurs créations une partie de cette résistance génétique à plusieurs maladies et ravageurs. Il est donc maintenant possible de choisir des variétés végétales résistantes ou non sensibles. Les renseignements sur les variétés résistantes peuvent être obtenus des fournisseurs de semences, des universités ou des services gouvernementaux des territoires où les cultures spéciales sont cultivées et sélectionnées. À noter cependant que certaines variétés résistantes peuvent tout de même être endommagées si les populations de ravageurs sont extrêmement denses. De plus, ces variétés ont aussi des besoins différents pour ce qui est de la température, de la fertilité du sol, etc., et il faut en tenir compte pour déterminer celle qui convient dans chaque cas particulier.

Choix de l'emplacement - Choisir des emplacements moins propices aux ennemis des cultures. Ceci implique une connaissance à la fois des conditions propices à votre culture, et de celles favorables aux populations de parasites. Tous les emplacements, climats, sols, pH du sol, conditions d'éclairement ou autres paramètres environnementaux ne conviennent pas également à toutes les plantes. Celles qui sont mal situées se défendent moins bien contre les agents pathogènes, les insectes et les affections secondaires. Les plantes ligneuses et herbacées vivaces reçoivent une cote de rusticité correspondant aux zones climatiques de l'Ontario et du Canada. N'acheter que celles qui ont une cote de rusticité égale ou supérieure à celle de votre région.

De nombreuses cultures (p. ex. le ginseng et la lavande) sont susceptibles aux maladies transmises par le sol, sauf lorsqu'elles sont plantées à des endroits bien drainés. Certaines maladies à champignons des feuilles, telles que le mildiou et l'oïdium, sont moins fréquentes si les plantes sont cultivées à des emplacements ouverts où les vents circulent bien. Les populations de vers fil-de-fer sont souvent les plus nombreuses dans les champs ayant récemment servis de pelouse, de sites de pâturage ou de butinage, ou pour y faire pousser des céréales. Les cultures vulnérables aux vers fil-de-fer, telles que la patate douce ou le radis chinois, ne devraient pas être plantées à la suite à ces cultures.

Santé des cultures - Tout ce que vous entreprendrez pour conserver la santé de vos cultures les aidera à résister aux ravageurs.

  • Une alimentation au point : ni excessive ni pauvre. La fertilisation est essentielle au maintien des plantes dans un état de santé assez bon pour leur permettre de résister aux ravageurs. Cependant elle peut avoir d'autres effets sur ces derniers. L'excès d'engrais favorise une croissance végétative exubérante qui peut attirer les pucerons; il peut aussi avoir pour effet d'accroître l'humidité, qui est propice à la propagation de certaines maladies. Et enfin, il est facile de confondre les symptômes résultant de l'épandage d'engrais en quantité excessive ou insuffisante avec ceux qui sont produits par les ravageurs, d'où le risque de diagnostic erroné.
  • Un sol en bonne condition : bonne structure, pas de compaction, matière organique du sol active.
  • Pas de stress hygrométrique : ni trop ni trop peu. De nombreuses maladies se propagent par des spores qui ne peuvent germer et déclencher l'infection que si les feuilles et les tiges sont humides. Les infestations de champignons et de bactéries sont également plus graves lorsque le sol et les surfaces des plants sont excessivement humides pendant de longues périodes. Le moment de l'arrosage, la méthode employée et la quantité d'eau versée peuvent aussi jouer un rôle déterminant pour ce qui est de limiter la propagation de la maladie. Arrosez assez les plantes, mais sans excès. L'arrosage excessif favorise le pourridié et d'autres maladies, alors que les plantes qui manquent d'eau sont moins saines et donc moins tolérantes aux ravageurs. Si les maladies présentes sont de celles qui sont disséminées par les éclaboussures d'eau, éviter d'arroser les cultures par dessus. Arroser le matin pour permettre aux plantes de sécher avant la tombée de la nuit, ou seulement pendant les journées sèches. Ne pas travailler dans le champ lorsque les cultures sont humides, pour éviter de répandre des maladies en effleurant les plantes malades.
  • Le maintien d'une bonne population de végétaux. Semer à une profondeur adéquate pour permettre aux plantules de lever rapidement et réduire les risques de fonte des semis. Un espacement égal et généreux permet d'éviter les densités excessives, qui peuvent mener à une croissance filamenteuse non aoûtée, à un manque de ventilation et à de mauvaises conditions de séchage. Ces facteurs font augmenter les risques de moisissure grise, de moisissure blanche, de pourridié, de fonte des semis et de maladies foliaires, entre autres.
  • L'utilisation de semences propres et de plants sains.

Ajuster le calendrier des plantations et des récoltes - Il est parfois possible de modifier le moment de la mise en terre, sa profondeur et son espacement pour repousser les ravageurs ou éviter leur présence. Lorsqu'on connaît les caractéristiques biologiques de l'espèce nuisible que l'on vise, on peut calculer la date de la mise en terre à titre préventif, par exemple pour éviter le moment de sa ponte ou de la libération de ses spores. Dans d'autres cas, il se peut qu'une mise en terre hâtive (avant l'arrivée des ravageurs) permette aux jeunes plants de s'établir et d'atteindre assez tôt un stade de développement qui leur conférera une meilleure résistance. On peut également calculer le moment de la mise en terre pour éviter les conditions environnementales propices au développement des ravageurs (par exemple, nombreuses maladies fongiques favorisées par un temps humide au début du printemps). La date de semis peut influer notablement sur les risques de pourriture des graines et des jeunes plants. Ne jamais planter d'espèces légumières à grosses graines par temps frais et humide, parce que dans ce cas les pourritures peuvent facilement détruire les semis avant même qu'ils lèvent. Attendre que le sol soit chaud et humide.

Les récoltes laissées trop longtemps dans le champ sont plus vulnérables aux ravageurs et aux pourritures d'entreposage. Il est donc important de récolter en temps opportun et de bien préparer la culture à l'entreposage. Manipuler les fruits et légumes avec soin, faute de quoi les meurtrissures pourront être infectées par des agents pathogènes secondaires. Dans certains cas, il est également possible de récolter tôt, soit avant que les ravageurs deviennent trop nombreux. Cette méthode n'est efficace que si l'espèce nuisible est présente tard dans la saison. Par exemple, pour un été relativement sec, compléter les récolter de basilic à la mi-août peut réduire les pertes dues au mildiou.

Mesures sanitaires - Les mesures sanitaires visent à éliminer les matières qui permettent aux ravageurs de survivre ou de passer d'un plant à l'autre ou d'une culture à l'autre. Comme de nombreux insectes et organismes pathogènes passent l'hiver dans les débris végétaux et les mauvaises herbes, la principale mesure sanitaire est l'enlèvement des débris à intervalles réguliers. Arracher toutes les plantes malades et les mauvaises herbes sans tarder et les sortir du culture. Dans le cas de plantes de plus grande taille comme les arbres, couper les branches malades ou endommagées. Les plants infestés par les parasites devraient toujours être détruits. Ne jamais composter de plantes malades, ou les laisser dans le champ; en effet, on ne peut être sûr que celui-ci atteindra des températures assez élevées pendant assez longtemps pour détruire les insectes, nématodes, champignons et graines de mauvaises herbes. Certains insectes passent l'hiver sous des planches, des briques, des pierres, etc. Il est donc conseillé d'éliminer ces objets et de les ranger de façon qu'ils ne soient pas en contact avec le sol. De plus, ne pas laisser les légumes ou les fruits sur le sol d'une année à l'autre, et éliminer sans tarder les retailles de plantes ligneuses.

Pour maintenir l'état sanitaire du champ, porter une attention particulière à la santé des nouveaux plants ou semences qu'on y introduit et qui doivent être de première qualité et exempts de parasites et de maladies. Si possible, placez les nouveaux plants à repiquer en quarantaine, pendant assez longtemps pour permettre l'apparition des symptômes éventuels.

Certains insectes et maladies peuvent être propagés d'un champ à l'autre par des outils, de l'équipement de ferme, ou les vêtements des ouvriers. Prendre des mesures appropriées en se déplaçant d'un champ à un autre pour éviter que du sol potentiellement contaminé soit transféré. S'efforcer de pénétrer en dernier dans les parties du champ qui sont infestées pour y travailler, et désinfecter l'équipement, les mains et les bottes après avoir travaillé avec des plantes infectées. Laver en profondeur et désinfecter tous les pots et les jardinières avant de les réutiliser, et les débarrasser de la terre par lavage.

Certaines mauvaises herbes constituent des refuges pour les insectes et les maladies, et elles accaparent les éléments nutritifs et l'humidité. Toujours bien maîtriser ces espèces dans le champ et autour. Commencer la lutte avant la levée des plants pour empêcher les ravageurs de passer des mauvaises herbes détruites aux cultures. Éliminer également les débris de mauvaises herbes avant la levée des plants.

Diversité des cultures - Quand un grand nombre de plantes différentes sont cultivées dans un petit espace, les ravageurs ailés ont plus de difficulté à trouver leur hôte de prédilection. Cela peut également avoir pour effet de ralentir la propagation des maladies et de fournir un habitat aux espèces utiles. C'est pourquoi en présence de cultures intercalaires ou avec l'alternance de différentes espèces végétales, les infestations peuvent être moins graves qu'avec des cultures homogènes. Ceci peut inclure des cultures pièges, des cultures intercalaires, la division judicieuse des surfaces cultivables, et d'autres méthodes.

Dans certains cas, les cultures pièges permettent de détourner les insectes des plants qu'on souhaite protéger. Pour ce faire, près de la culture principale, on fait pousser une espèce que le ravageur préfère. Ensuite, il peut être nécessaire de détruire la culture piège ou de mettre en œuvre des mesures de lutte. Par exemple, on s'est déjà servi de moutarde pour réduire les populations d'altises sur les choux, et l'aubergine peut être utilisée comme culture piège pour le doryphore de la pomme de terre. Cependant, pour que cette méthode soit efficace, il faut que l'insecte ait un goût beaucoup plus prononcé pour la culture piège que pour la culture à protéger, et il faut l'empêcher de retourner dans le champ après la destruction de la culture piège. Par exemple, la menthe a déjà été employée comme culture piège pour détourner la punaise à quatre raies du ginseng. Par contre, la menthe risque d'être moins efficace comme culture piège pour protéger la lavande, puisque ces deux plantes appartiennent à la même famille et qu'elles sont probablement aussi attirantes pour la punaise à quatre raies.

B. Méthodes de lutte mécanique

Les méthodes de lutte mécanique sont celles qui visent à créer un obstacle physique pour protéger la culture des ravageurs, par exemple le sarclage et la mise en place de clôtures contre les cerfs et autres animaux sauvages. L'équipement mécanique comme les aspirateurs, le flammage, les minitunnels, la cueillette manuelle sont des solutions valables, mais dont le coût peut être élevé. Certaines stratégies sont efficaces, mais doivent être adaptées à la situation et à l'échelle de production de la culture.

Enlèvement physique - L'enlèvement physique des ravageurs à la main ou autrement peut être efficace s'ils sont peu nombreux, si le champ est très petit, et si l'opération est répétée fréquemment. On peut écraser les œufs et les insectes au corps mou comme les pucerons lorsqu'on les trouve, et on peut ramasser les chenilles, les limaces, les escargots, les vers gris, les vers blancs et les autres animaux de plus grande taille pour les jeter dans un seau d'eau savonneuse. De la même façon, on peut débarrasser les arbres des tentes ou des toiles de chenilles. On peut déloger les groupements plus importants de ravageurs qui se trouvent sur des plantes solides au moyen d'un fort jet d'eau, mais il faut éviter de favoriser la progression de la maladie en mouillant trop la plante. De la même façon, on peut éliminer les parties de plantes qui sont atteintes pour ralentir la progression de certaines maladies, par exemple en taillant des parties de branches; cependant, cette méthode n'est généralement pas aussi efficace pour les maladies que pour les insectes.

Paillis - Un paillis peut être toute matière dont on couvre le sol pour faciliter la croissance des plantes (copeaux de bois, tissus et plastiques de diverses couleurs). On s'en sert souvent pour faciliter le réchauffement du sol ou pour l'empêcher de se dessécher; cependant cette méthode permet aussi de lutter contre les mauvaises herbes et certains insectes nuisibles. Le paillis de plastique noir est fréquemment employé pour lutter contre les mauvaises herbes, mais il faut l'utiliser avec prudence parce qu'il provoque un échauffement du sol qui peut nuire à certaines cultures. On place parfois des paillis réfléchissants faits d'une pellicule d'aluminium ou d'autres matériaux argentés pour éloigner les pucerons et les aleurodes des plantules et des plantes de petite taille.

Minitunnels et autres barrières - On peut construire divers types de barrières autour des plants et au-dessus d'eux pour les protéger des insectes et des vertébrés. Les minitunnels et les cages que l'on place au-dessus des jeunes plants sont parmi les dispositifs les plus communs. Traditionnellement, on se sert des minitunnels pour réchauffer les plants et hâter ainsi leur croissance; mais ils permettent aussi de protéger les cultures vulnérables des ravageurs migrateurs (chrysomèle du concombre, altises et pucerons). On les enlève généralement lorsque les plants sont assez avancés pour supporter des dommages; on permet ainsi aux insectes pollinisateurs d'avoir accès aux fleurs et on évite la surchauffe des plants pendant le reste de l'été. Pour ce faire, on se sert parfois de cages artisanales faites d'un tissu à mailles fines tendu sur un cadre de bois. Il est également possible d'acheter des pellicules de matériau synthétique.

C. Méthodes de lutte biologique

La lutte biologique consiste à utiliser un ennemi naturel d'un ravageur pour réduire les populations de ce dernier. Ces ennemis naturels, qualifiés collectivement d'espèces « utiles », peuvent être des prédateurs, des parasitoïdes, des organismes pathogènes ou des nématodes. Les prédateurs tuent et dévorent de nombreux autres insectes (généralement plus petits qu'eux); ce sont les carabes, les coccinelles, les mantes religieuses et certains acariens (Tableau 1). Les insectes parasitoïdes pondent leurs œufs à la surface du corps d'un autre insecte ou à l'intérieur de celui-ci, et les jeunes se nourrissent aux dépens de leur hôte, qui finit généralement par mourir (Tableau 2). La plupart des insectes parasitoïdes sont de minuscules guêpes ou mouches. Les pathogènes sont des micro-organismes qui infectent les insectes et les acariens et les tuent. Les insectes sont naturellement sensibles à une vaste gamme de bactéries, champignons, protozoaires et virus. Et enfin, les nématodes sont de minuscules vers semblables à ceux qui s'attaquent aux plantes. Cependant, au lieu des végétaux, ils envahissent le corps des insectes par leurs orifices naturels et se nourrissent de leur chair à partir de l'intérieur, ce qui finit par les tuer.

De nombreux prédateurs et parasitoïdes sont de proches parents des espèces nuisibles et leur ressemblent beaucoup. Il est donc souhaitable de se familiariser avec les espèces utiles les plus communes du champ. À cet effet, des photos et des informations connexes sont affichées sur le site Web du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales. Afin de déterminer si un insecte donné est utile ou nuisible, inspecter les plantes sur lesquelles il se trouvait pour voir s'il s'en est nourri. L'observer pour voir s'il mange la plante ou un membre d'une autre espèce. Voir également comment il se déplace : les prédateurs sont généralement rapides, leur agilité leur permettant d'attraper leurs proies.

Il y a deux principales formes de lutte biologique, soit la mise en œuvre de diverses mesures pour favoriser et protéger les populations d'espèces utiles présentes naturellement, et l'introduction d'ennemis naturels achetés dans le commerce.

Protection des insectes utiles - La meilleure stratégie de lutte biologique consiste à favoriser les populations d'ennemis naturels des ravageurs en leur offrant un habitat qui leur convient. Chez de nombreux parasites des insectes, les adultes survivent plus longtemps s'ils peuvent se nourrir de nectar, et certains prédateurs doivent s'alimenter de pollen pour pouvoir se reproduire. De plus, beaucoup de ces espèces utiles se portent mieux lorsqu'elles disposent d'abris. Pour favoriser leurs populations, faire pousser diverses plantes à fleurs dont les adultes pourront consommer le pollen et le nectar. Veiller à choisir des végétaux qui ne se comportent pas comme des mauvaises herbes envahissantes; à cet égard, les espèces indigènes peuvent constituer un bon choix. On pourra offrir un abri aux insectes utiles en maintenant un habitat diversifié dans le champ et autour de celui-ci. Il existe plusieurs stratégies possibles à cet effet, mais aussi certains risques. Les paillis que l'on pose entre les rangs de cultures forment un refuge pour des prédateurs comme les carabes, mais ils font également le bonheur des limaces et des cloportes.

Dans le champ, il faut utiliser les produits chimiques avec prudence parce que certains insectes utiles résistent à des doses moins fortes d'insecticide que les espèces nuisibles. Éviter aussi la dérive de ces produits vers les plantes du voisinage qui peuvent abriter des insectes utiles.

Introduction des insectes bénéfiques - De nombreux ennemis naturels des ravageurs peuvent être achetés dans le commerce et relâchés dans les cultures et les champs pour lutter contre les ravageurs. Bien que ces agents biologiques donnent de très bons résultats dans les serres, beaucoup d'entre eux ne présentent qu'un intérêt limité pour les champs au grand air. Certains, comme les mantes religieuses, sont des prédateurs généralistes qui s'attaquent à un si grand nombre d'espèces qu'ils ont un effet limité sur les populations du ravageur visé. De plus, de nombreux prédateurs naturels introduits ne restent pas longtemps sur place.

On peut aussi relâcher des prédateurs naturels indigènes comme les coccinelles, mais l'achat de l'espèce Hippodamia convergens , importée des États-Unis, n'est pas d'une grande utilité. Ces coccinelles sont recueillies pendant leur hivernation dans les montagnes de Californie. Dès qu'elles sont relâchées, elles s'envolent et parcourent de grandes distances avant de reprendre leur activité prédatrice. Il en restera donc tout au plus quelques-unes pour livrer bataille dans le champ. De plus, les coccinelles ne peuvent que contribuer à circonscrire les invasions d'insectes non mobiles comme les pucerons, et seulement si on les introduit avant que la population de ravageurs soit bien établie. Par contre, certains parasitoïdes et prédateurs utiles présents à l'état naturel en Ontario se prêtent bien aux introductions dans les champs privés et peuvent être achetés auprès de fournisseurs. Pour qu'ils soient efficaces, il faut en relâcher à intervalles réguliers dans le champ.

Dans la province, il est également possible d'acheter divers produits à base de nématodes parasites des insectes, qui peuvent donner de bons résultats contre les populations de certains ravageurs terricoles. Comme ces produits contiennent des organismes vivants, pour assurer leur efficacité, il faut bien suivre les instructions sur l'entreposage et le traitement qui figurent sur l'étiquette.

Divers pathogènes des insectes et des plantes nuisibles sont vendus dans le commerce, mais ils sont préparés et réglementés comme des insecticides et nous n'en parlerons pas dans le présent document.

S'en tenir aux ennemis naturels des ravageurs qui sont vendus dans le commerce par des fournisseurs reconnus. Ne jamais relâcher d'insectes utiles capturés par vous-même ou une autre personne hors de l'Ontario et amenés dans la province. L'introduction d'organismes étrangers est illégale et peut causer de graves problèmes écologiques à long terme.

Tableau 1. Prédateurs communs et leurs proies.

Prédateur Proie
Coccinelles et leurs larves Pucerons, acariens, thrips et autres petits insectes ainsi que leurs œufs
Carabes Chenilles et autres petits insectes à corps mou
Syrphes Pucerons et petites chenilles
Larves de chrysopes Pucerons, œufs d'insectes, thrips et autres insectes et larves de petite taille
Réduves Pucerons, œufs d'insectes, cicadelles et autres insectes et chenilles de petite taille
Autres punaises, notamment pentatomes, anthocorides, Geocorus spp. et nabidées Acariens, thrips, pucerons et autres petits insectes et leurs larves, œufs d'insectes et chenilles
Libellules et demoiselles Moustiques et autres insectes ailés
Mantes religieuses Généralistes, prédateurs d'une vaste gamme d'insectes
Grenouilles, serpents et souris Divers insectes

Tableau 2. Parasitoïdes communs et leurs hôtes.

Parasitoïde Hôte
Ichneumonidés Papillons de nuit, papillons, larves et nymphes de coléoptères et de mouches
Braconidés Larves de papillons de nuit, de coléoptères et de mouches et divers autres insectes, nymphes ou adultes

Tableau 3. Ennemis naturels des ravageurs disponibles dans le commerce.

Ravageur visé Ennemi naturel
Type Espèces
Acariens Acariens prédateurs Phytoseiulus persimilis
Galandromus occidentalis
Amblyseius fallacis
Mesoseiulus longipes
Neoseiulus californicus
Mouches prédatrices Feltiella acarisuga
Coccinelles prédatrices Stethorus punctillum
Aleurodes Guêpes parasitoïdes Eretomocerus mundus
Eretomocerus eremicus
Encarsia formosa
Coccinelles prédatrices Delphastus catalinae
Pucerons Coccinelles prédatrices Hippodamia convergens
Adalia bipunctata
Chrysope Chrysoperla carnea
Chrysoperla rufilabris
Mante religieuse (prédatrice) Tenodera aridifolia
Larves prédatrices de mouches Aphidoletes aphidomyza
Guêpes parasitoïdes Aphidius colemani
Aphidius matricariae
Aphelinus abdominalis
Thrips Acariens prédateurs Amblyseius swirskii
Amblyseius cucumeris
Amblyseius degenerans
Orius insidiosus
Chenilles Punaise prédatrice Podisus maculiventris
Guêpes parasitoïdes Trichogramma pretisoum
Trichogramma minutum
Trichogramma ostriniae
Nématodes parasites Steinernema carpocapsae
Diverses larves terricoles de coléoptères Nématodes parasites Heterorhabditis bacteriophora
Heterorhabditis megidis
Steinernema kraussei
Mineuses Guêpes parasitoïdes Dacnusa sibirica
Diglyphus isea
Cochenilles farineuses Guêpes parasitoïdes Leptomastix dactylopii
Coccinelles prédatrices Cryptolaemus montrouzieri
Cochenilles Guêpes parasitoïdes Aphytis melinus
Metaphycus spp.
Coccinelles prédatrices Lindorus lophanthae
Limaces Nématodes parasites Phasmarhabditis hermaphrodita

À noter que beaucoup de ces espèces, sinon toutes, sont davantage destinées aux cultures en serre et peuvent ne pas donner les résultats escomptés en plein air; de plus, elles n'ont pas toutes la même efficacité.

Une liste des fournisseurs en insectes utiles et en acariens est disponible sur le site web du MAAARO à l'adresse suivante : http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/resource/beneficial.htm