
Faire durer les réserves de fourrage
Réduction des pertes
Dans le secteur du foin, des pertes importantes se produisent à la sortie et à l'entreposage. L'entreposage du foin à l'extérieur peut causer d'importantes pertes de matière sèche; on pourrait croire que cette détérioration est due aux précipitations, mais l'un des principaux facteurs en cause est l'absorption de l'humidité du sol. Après la mise en balles, si celles-ci sont sèches, on doit les entreposer à l'abri aussitôt que possible. Les balles de foin ne doivent pas reposer sur le sol et elles doivent être couvertes d'une bâche, ou placées en entreposage. Les balles de foin laissées à l'extérieur sont exposées aux éléments, ce qui cause une perte d'éléments nutritifs par lixiviation ainsi qu'une dégradation. Si, à la surface d'une balle de 5 pieds, la dégradation s'étend à 3 pouces de profondeur, la perte de matière sèche qui en résulte est de 19 % et il y a une perte de valeur nutritive du reste de la balle. D'autres pertes importantes surviennent également dans les systèmes de distribution. La distribution de balles de foin au sol ou seulement une fois par semaine produit des pertes importantes, bien qu'elle permette d'économiser de la main-d'œuvre. Lorsqu'on offre à des bœufs de boucherie une balle ronde sur le sol, la perte de matière sèche se monte à 40 pour cent alors que si on se sert d'un distributeur, ce chiffre diminue au moins de moitié. Pour réduire encore plus les pertes de foin, on peut opter pour la distribution quotidienne de fourrage, l'utilisation de distributeurs efficaces ou la distribution sur demande. L'objectif d'efficacité alimentaire est d'en arriver à cinq pour cent ou moins de quantités refusées. Si on dispose de foin en quantité limitée, on doit réévaluer les systèmes de distribution pour s'assurer qu'ils sont aussi efficaces que possible.
Grain
Lorsqu'on dispose de foin en quantité limitée, on peut choisir de réduire la quantité de foin offerte aux animaux et de remplacer la partie manquante par du grain. Un kilogramme de maïs remplace deux kilogrammes de foin, la proportion pouvant atteindre un tiers des rations. L'orge a environ 90 pour cent de la valeur énergétique du maïs, et celle du blé est égale à celle du maïs ou légèrement supérieure. On peut aussi opter pour les drêches de distillerie; elles ne sont pas moulues, elles ont une teneur en protéines plus élevée que le maïs concassé et elles peuvent être un aliment de remplacement économique. Dans la plupart des cas, lorsqu'on nourrit les bovins au grain, on les rationne; on doit alors leur offrir un espace suffisant aux mangeoires pour leur permettre de manger tous ensemble, à défaut de quoi les vaches dominantes consomment plus que leur part et risquent d'être atteintes d'acidose et de ballonnement et d'engraisser, alors que l'état corporel des individus passifs se détériorera. Si on sert aux animaux plus de 2 kilogrammes (4,5 livres) de grain, on doit répartir cette quantité sur plusieurs portions par jour pour éviter l'acidose et la surcharge due au grain. Cette année, d'après la comparaison des prix du foin et des denrées, il semble très économique de remplacer le foin par une certaine quantité de grain là où les stocks sont limités.
Tiges de maïs et paille
Les tiges de maïs et la paille peuvent être de bons aliments pour les bœufs de boucherie. La paille a une valeur d'unités nutritives totales (UNT) voisine de 40; elle permet donc de combler une bonne partie des besoins énergétiques, mais on devra lui adjoindre une source complémentaire de protéines. Les animaux auxquels la consommation de paille convient le mieux sont les vaches à maturité taries au deuxième trimestre parce ce sont elles qui ont les besoins nutritionnels les moins élevés. Ceux-ci peuvent être entièrement comblés par de la paille et du foin de qualité, avec un apport de sels et de minéraux. On peut aussi offrir de la paille à d'autres groupes d'animaux, en moins grande quantité ou avec un supplément de grain qui assurera un apport suffisant en éléments nutritifs. C'est la paille d'avoine qui est la plus nourrissante, suivie par la paille d'orge, de soya et de blé. Pour intégrer la paille à un régime alimentaire, le plus facile est d'opter pour une ration totale mélangée (RTM). Ainsi la paille et le foin seront bien mélangés avec tout le grain requis, mais il faut gérer l'alimentation pour empêcher les animaux de trier la ration pour manger les aliments de haute qualité en premier et délaisser la paille jusqu'à ce que les mangeoires soient presque vides. Dans ce cas les animaux risquent d'être atteints d'acidose et l'apport énergétique pourra être excessif chez certaines vaches et insuffisant chez d'autres. Il n'est pas recommandé d'offrir la paille et le foin dans deux distributeurs distincts parce que les animaux commencent par manger tout le foin et boudent la paille. À défaut de RTM, on peut offrir du foin et de la paille en alternance. Dans ce cas on doit équilibrer la taille du groupe et les quantités d'aliments offertes pour qu'elles soient entièrement consommées avant le repas suivant.
Les tiges de maïs sont aussi un aliment nourrissant pour les bovins. La moitié de la teneur énergétique d'un plant de maïs se trouve dans l'épi et l'autre moitié dans la tige. Immédiatement après la récolte, les UNT les tiges de maïs peuvent atteindre 70, mais à la fin de la saison, quand les animaux ont consommé les parties les plus nourrissantes des plants et que les éléments nutritifs ont quitté les tiges par lixiviation, cette valeur se situe entre 40 et 50. Les tiges de maïs permettent de nourrir les animaux jusque tard en automne et en hiver. Avant de mettre les animaux dans le champ de maïs pour la première fois, il faut inspecter celui-ci pour y rechercher le grain; s'il est présent en grande quantité à la fois au sol et sur les épis qui n'ont pas été récoltés, on sera peut-être obligé de limiter l'accès des animaux à ce champ. Pour ce faire on peut permettre le pâturage par bandes à l'aide d'une clôture électrique, ou ne permettre la présence des animaux que pendant une certaine partie de la journée. Pendant que les animaux se nourrissent de tiges de maïs, on doit faire le suivi des indices de matières fécales et d'état corporel pour déterminer le moment où l'on devra fournir des suppléments. C'est généralement après avoir enlevé les enveloppes et les feuilles que les animaux ont besoin d'autres aliments. Un acre de tiges de maïs peut habituellement nourrir une ou deux vaches de boucherie pendant un mois.
Seigle d'automne ou triticale
Pour réduire les besoins en fourrage, on peut aussi placer les animaux au pâturage plus tôt au printemps. On peut mettre en terre du seigle d'automne ou du triticale pour obtenir un pâturage de début de saison, alors que les graminées traditionnelles ne commencent pas à pousser aussi tôt. Le seigle d'automne et le triticale d'automne peuvent être semés après l'ensilage du maïs ou après la récolte de soya, jusqu'à la fin octobre. Le seigle d'automne est une céréale à croissance printanière hâtive. Il est plus résistant à l'hiver que le blé d'automne et produit des parties aériennes. Le triticale d'automne est le résultat d'un croisement du blé et du seigle. Dans le Sud de l'Ontario, le seigle d'automne sera prêt au pâturage vers la mi-avril s'il a été semé sur un sol sec. Il est ainsi possible de mettre les animaux en pâture au début de la saison, et le cas échéant de laisser un répit supplémentaire aux pâturages permanents. On peut également couper le seigle d'automne au stade du gonflement pour produire du foin et maximiser ainsi la qualité et la quantité du fourrage produit. La valeur nutritive du seigle d'automne chute très rapidement après l'épiaison. Il atteint généralement le stade du gonflement à la mi-mai, ce qui permet de faire une autre récolte de maïs, de soya ou d'une espèce fourragère annuelle. Il ne faut pas confondre le seigle d'automne avec le ray-grass ou ivraie. Le seigle d'automne est une culture céréalière alors que le ray-grass est une graminée fourragère dont il existe trois espèces principales : le ray-grass vivace (ou ivraie vivace), le ray-grass d'Italie (ou ivraie multiflore) et ray-grass de type Westerwold.
Le site Web du MAAARO contient d'autres informations sur l'alimentation des animaux.
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Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca
Auteur : | Thomas Ferguson - Spécialiste des animaux de pâturage et de la culture des fourrages/MAAARO |
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Date de création : | 14 octobre 2016 |
Dernière révision : | 14 octobre 2016 |