Nouvelle recette améliorée pour produire du fourrage supplémentaire à la suite d'une culture de blé d'automne
Une leçon pénible à retenir des fourrages de 2012
En 2012, une grande partie de l'Ontario a connu des conditions de sécheresse difficiles qui ont causé des pénuries de foin et d'ensilage de foin. À cette époque, de nombreux producteurs se sont tournés vers une source de fourrages de dépannage comme les céréales et les mélanges de céréales et de pois pour combler les faibles niveaux de stocks. Il s'en est suivi la création d'un groupe de collaborateurs du MAAARO et de l'Université de Guelph dirigé par les Drs Bill Deen et Ken Janovicek avec comme but d'entreprendre une étude sur les meilleurs protocoles et choix de cultures fourragères à la suite du blé, advenant une autre pénurie de fourrage. Le travail de recherche a été financé par le Beef Farmers of Ontario et l'Ontario Forage Council, grâce au Programme ontarien d'innovation agricole du Agricultural Adaptation Council. En effet, les conditions climatiques de l'été 2012 et les faibles rendements fourragers connexes peuvent se reproduire dans de nombreuses régions de la province. Cette nouvelle recherche fournit quelques recommandations simples et pratiques pour optimiser les rendements fourragers de grande qualité. Les données de rendement ont été recueillies dans plusieurs stations de recherche et sites agricoles du sud de l'Ontario, alors que les données concernant les valeurs nutritionnelles sont issues de sites de recherche officiels.
Recette pour du fourrage à la suite d'une culture de blé, en bref :
- 80 kg d'avoine par ha semée aussi tôt que possible après la récolte du blé
- 50 kg de N par ha
- Prier pour de la pluie
- Planifier la récolte de l'ensilage avant la fin d'octobre
- Le stade de maturité au début de novembre n'affectera pas grandement la qualité, mais va probablement initier le stade de gonflement.
Cette recette repose sur les données relatives aux rendements et à la qualité qui indiquent qu'un semis à une population plus élevée (plus de 80 kg/ha) ou qu'un autre choix de culture (orge seule, mélange avec des pois, triticale) ne donne pas un avantage de rendement ou de qualité comparativement à de l'avoine seule, tel qu'indiqué aux tableaux 1 et 2. Le tableau 2 présente seulement les données de 2014, où du triticale avait été cultivé dans les parcelles de la station de l'université cette année-là. Ces deux tableaux montrent que tous les fourrages récoltés étaient de très grande qualité pour ce qui est des unités nutritives totales (TDN). Un apport d'azote au-delà de 50 kg semble avoir été favorable seulement dans les cas d'un sol de très grande qualité et dans des bonnes conditions de croissance (résultats non présentés ici). Tous les fourrages à l'essai ont aussi semblé très stables pour ce qui est de la qualité par rapport au stade de maturité, tout en rappelant que les producteurs devraient planifier la récolte vers le stade du gonflement ou peu après. En d'autres termes, cette «recette» constitue la meilleure solution en tant que culture fourragère rentable à la suite d'une culture de blé en présentant de bons rendements, un faible risque et des aliments de qualité.
Tableau 1. Effets de l'espèce céréalière et du taux d'ensemencement sur le rendement moyen et la teneur en TDN. Ces céréales avaient reçu un apport de 50 kg N/ha et ont été récoltées à l'automne en 2013 et 2014 au stade du gonflement dans les parcelles d'essais des stations de recherche d'Elora et de Woodstock (adapté de Deen et coll., non publié 2016).
Culture | Rendement sec (0 % d'humidité) - tonne/ha - | Unités nutritives totales (TDN) | |
---|---|---|---|
Teneur en énergie% | Rendement énergétique récolté- tonne/ha - | ||
Orge |
1,2 b
|
76,6 a
|
0,88 b
|
Avoine (120 kg/ha) |
2,4 a
|
74,4 a
|
1,80 a
|
Avoine (80 kg/ha) |
2,3 a
|
74,3 a
|
1,75 a
|
Avoine + Pois |
2,2 a
|
74,8 a
|
1,64 a
|
se++ |
0,22
|
8,9
|
160,3
|
Note : Les résultats des rendements secs, des teneurs en énergie et des rendements énergétiques accompagnés d'un exposant différent et d'une couleur de remplissage différente sont statistiquement différents.
Quelle est la place du blé d'automne dans tout cela?
Étant donné que les cultures typiques de l'Ontario sont récoltées à une date précoce et que cela laisse un vide dans le cycle cultural, la décision de semer une culture fourragère à la suite de la récolte du blé d'automne constitue une solution très simple. En fait, les cultures de couverture devraient faire partie du programme cultural de toute façon, afin de préserver la santé des sols et pour lutter contre l'érosion. Et, si en plus, les besoins agronomiques peuvent répondre à une pénurie de fourrage, c'est un choix «gagnant-gagnant» rêvé. Les protocoles et les résultats pour les cultures fourragères succédant à du blé peuvent être facilement adaptés à d'autres situations, mais le fourrage est vraiment l'utilisation «évidente» après du blé d'automne.
Tableau 2. Espèces céréalières en 2014 seulement, une année où du triticale avait été ensemencé dans les parcelles. Effets sur le rendement moyen et la teneur en TDN des céréales récoltées au stade du gonflement et ayant reçu un apport de 50 kg N/ha à la station d'Elora où les céréales récoltées à l'automne ont été évaluées (adapté de Deen et coll., non publié 2016).
Culture | Rendement sec (0 % d'humidité) - tonne/ha - | Unités nutritives totales (TDN) | |
---|---|---|---|
Teneur en énergie% | Rendement énergétique récolté- tonne/ha - | ||
Orge |
1,3 d
|
76,7 a
|
0,99 d
|
Avoine (120 kg/ha) |
2,8 a,b
|
72,6 a
|
2,05 a,b
|
Avoine (80 kg/ha) |
2,9 a
|
73,5 a
|
2,15 a
|
Avoine + Pois |
2,5 b
|
73,5 a
|
1,86 b
|
Triticale |
2,0 c
|
75,2 a
|
1,41 c
|
se++ |
0,12
|
15,9
|
97,5
|
Note : Les résultats des rendements secs, des teneurs en énergie et des rendements énergétiques accompagnés d'un exposant différent et d'une couleur de remplissage différente sont statistiquement différents.
Pourquoi pas du pâturage?
Les résultats présentés aux tableaux 1 et 2 et les recommandations qui en découlent sont basés sur des fourrages stockés, car ces données sont beaucoup plus faciles à recueillir (récolte mécanique des parcelles, etc.). Encore une fois, ces principes peuvent également s'appliquer à des systèmes de pâturage. Le pâturage est probablement un choix encore plus économique, pourvu qu'il y ait des clôtures. Si je peux me permettre d'extrapoler (sans le bénéfice de données de pâturage), l'utilisation de l'avoine en culture seule et ensemencée au taux de 80 kg/ha semble aussi un choix logique dans le pâturage. Cependant, l'option d'utiliser de l'avoine n'a pas été comparée adéquatement en Ontario à d'autres choix de cultures, comme les cultures du genre Brassica (navets, colza fourrager, etc.) qui sont utilisées à la suite du blé dans les pâturages ici et au Michigan.
Conclusion
D'après les données recueillies pendant plusieurs années et à plusieurs endroits dans le sud de l'Ontario (y compris dans des parcelles à la ferme non présentées ici), l'avoine semée seule à raison de 80 kg/ha et fertilisée au taux de 50 kg N/ha est la meilleure solution et aussi la plus simple dans l'utilisation d'espèces céréalières en vue d'obtenir un supplément de fourrage de grande qualité succédant à une culture de blé. Les espèces du genre Brassica et de l'azote supplémentaire pourraient avoir un certain potentiel additionnel à certains endroits, mais la recommandation qui résulte de cette étude et qui consiste à semer des céréales est basée sur des essais qui ont été répétés à de nombreuses reprises pendant plusieurs années et à de nombreux emplacements dans le cadre d'un protocole rigoureux. Oui, c'est aussi facile que ça!
Figure 1. « Les cultures céréalières, notamment l'avoine, peuvent fournir des fourrages de grande qualité et de bons rendements si elles sont semées immédiatement après le blé d'automne et récoltées au milieu de l'automne ».
Figure 2. « Une étude menée par le Dr Bill Deen à l'Université de Guelph et financée par le Beef Farmers of Ontario et l'Ontario Forage Council a permis de constater que l'avoine semée au taux de 80 kg/ha et fertilisée à l'azote au taux de 50 kg/ha est la meilleure solution pour du fourrage d'automne ».
Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca
Auteur : | Christoph Wand - Spécialiste de la durabilité de l'élevage du bétail, MAAARO, Guelph |
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Date de création : | 06 juillet 2016 |
Dernière révision : | 06 juillet 2016 |