Le tétranyque à deux points cause des dommages dans les cultures de houblon en Ontario

Il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles en ce moment en ce qui concerne les cultures de houblon. La bonne nouvelle, dans la région de Simcoe du moins, c'est que l'activité des cicadelles semble s'estomper. La mauvaise, outre les dommages causés par la cicadelle, c'est que les acariens sont de plus en plus présents (Figure 1). Le tétranyque à deux points, Tetranychus urticae, est un ravageur bien connu du houblon et de beaucoup d'autres cultures, et il devient souvent problématique lorsque le temps est chaud et sec.

Figure 1 - Feuille de houblon avec brûlure de la cicadelle (A) et lésion causée par des acariens (B). La brûlure de la cicadelle apparaît habituellement le long du pourtour de la feuille, alors que le bronzage attribuable aux acariens se retrouve n'importe où sur la feuille.

Figure 1 - Feuille de houblon avec brûlure de la cicadelle (A) et lésion causée par des acariens (B). La brûlure de la cicadelle apparaît habituellement le long du pourtour de la feuille, alors que le bronzage attribuable aux acariens se retrouve n'importe où sur la feuille.

Figure 2 - Tétranyque à deux points et ses œufs sur une feuille de houblon. Observez la couleur différente des œufs et des gouttelettes d'huile sécrétées par la feuille.

Figure 2 - Tétranyque à deux points et ses œufs sur une feuille de houblon. Observez la couleur différente des œufs et des gouttelettes d'huile sécrétées par la feuille.

Les tétranyques sont de minuscules (0,5-1 mm) cousins des araignées. Ils possèdent huit pattes, sauf leur premier stade larvaire, qui n'en a que six. Les acariens ont deux segments corporels (la tête et l'abdomen) d'un jaune translucide. Chaque côté de leur abdomen est marqué d'une tache distincte rouge-brun foncé (Figure 2). Les œufs des acariens sont de forme sphérique et jaune translucide (Figure 2). Ils sont souvent suspendus dans une fine toile de soie (Figure 3), et les acariens comme tels se trouvent sur le revers des feuilles. Dans le houblon, les œufs, par leur taille et leur forme, font penser aux gouttelettes d'huile jaune excrétées par les trichomes de la plante. Cette huile ne se trouve pas dans la toile cependant, et elle est d'un jaune plus brillant que les œufs d'acariens.

Les tétranyques utilisent leurs pièces buccales pour sucer le contenu des cellules végétales, ce qui forme des mouchetures bronzées sur le revers des feuilles (Figure 4). Les infestations graves peuvent entraîner une nécrose foliaire et une défoliation des plants. Les tétranyques peuvent aussi endommager les cônes de houblon qui s'assèchent deviennent friables et prennent une couleur rougeâtre. Les dommages économiques associés à ce ravageur proviennent des baisses de rendement et de qualité des cônes.

Les femelles adultes du tétranyque à deux points passent l'hiver dans les résidus de culture (ex. : les couronnes de houblon), dans les fissures des poteaux ou dans d'autres endroits protégés de la houblonnière, ou à proximité de celle-ci. Au début du printemps, les femelles sortent et pondent leurs œufs sur les jeunes tiges de houblon ou sur les mauvaises herbes herbacées, en bordure des champs ou dans les parcelles de blé. Chaque femelle peut pondre jusqu'à 100 œufs. Les acariens traversent trois stades immatures (ou instars) avant de devenir adultes. Le cycle de l'œuf au stade adulte peut prendre de 6 jours (par temps chaud et sec) à trois semaines, et c'est pourquoi il y a de nombreuses générations d'acariens par année.

Étant donné qu'ils peuvent passer l'hiver dans les houblonnières, les acariens peuvent y être présents dès le début de la saison de croissance. D'autres acariens peuvent aussi migrer dans les plants de houblon lorsque les champs de blé ou de graminées commencent à s'assécher. Leur développement est favorisé par des conditions chaudes, sèches et poussiéreuses. Par conséquent, on observe souvent des populations d'acariens qui commencent à augmenter dans les houblonnières de la fin juin et en juillet.

Figure 3 - Toile de tétranyque sur une feuille de houblon

Figure 3 - Toile de tétranyque sur une feuille de houblon

Figure 4 - Bronzage sur une feuille de houblon causé par les tétranyques.

Figure 4 - Bronzage sur une feuille de houblon causé par les tétranyques.

Pour surveiller les acariens dans les champs de houblon, prélever des feuilles de houblon à partir de la fin mai et durant toute la saison. Ramasser plusieurs feuilles sur 10 à 30 plants, selon la superficie de la houblonnière, prises à différentes hauteurs sur les plants (il peut être nécessaire d'utiliser un émondoir pour prélever des feuilles à proximité du treillis métallique). Vérifier la présence de bronzage et de mouchetures sur les feuilles, ainsi que le revers des feuilles pour dépister les acariens, les œufs et des toiles. Les tétranyques et leurs œufs sont très difficiles à voir à l'œil nu, et leurs toiles ne sont pas nécessairement visibles avant que l'infestation soit vraiment grave. Il peut être nécessaire d'utiliser un microscope à dissection ou une loupe permettant un grossissement de 25-40X pour bien les voir et les distinguer des acariens prédateurs.

Aucun seuil économique officiel n'a été établi pour les dommages causés par le tétranyque à deux points dans le houblon. On peut tolérer un faible nombre d'acariens sur le feuillage si le temps est doux, que les ennemis naturels sont présents dans la houblonnière et que les cônes ne sont pas infestés. Toutefois, si les conditions deviennent chaudes, sèches et poussiéreuses, les populations peuvent gonfler rapidement.

Les populations de tétranyques dans le houblon sont souvent maintenues naturellement à des niveaux tolérables par un complexe d'ennemis naturels, dont les acariens prédateurs, les coccinelles, les cécidomyies prédatrices et autres. On peut éviter de supprimer le feuillage du bas pour préserver les prédateurs naturels, mais il faudra veiller à ce que le fait de conserver ce feuillage n'ait pas trop d'incidence sur les autres ravageurs du houblon. Certains estiment que l'introduction d'ennemis naturels en début de saison, comme les acariens prédateurs ou des larves de coccinelles, pourrait contribuer à limiter l'accroissement des populations d'acariens dans les houblonnières. Cette hypothèse devra cependant être vérifiée, car souvent, ces prédateurs naturels ne restent pas où ils ont été lâchés. Il serait probablement plus efficace de semer des cultures de couverture ou d'autres plantes qui serviraient d'habitat pour promouvoir la croissance des ennemis naturels. Il est important que les cultures de couverture soient bien entretenues entre les rangs afin que l'air ambiant ne soit pas trop poussiéreux, ce qui favorise la multiplication des acariens nuisibles. En effet, lorsque la végétation à la surface du sol s'assèche, ces derniers peuvent migrer vers la culture.

Le développement des tétranyques dans le houblon est favorisé par la présence de poussière et les quantités excessives d'azote. On peut donc tenter de réduire les populations d'acariens en réduisant la poussière dans les houblonnières et aux environs (en huilant ou en arrosant les chemins de terre, en plantant des cultures de couverture, etc.) et en veillant à ce que la fertilité du sol soit suffisante, sans être excessive. Les savons insecticides Neusodan Commercial et Opal sont des produits qu'il est possible d'utiliser en production biologique. Ils sont homologués pour utilisation dans le houblon et peuvent être efficace contre les populations d'acariens. Vérifiez si ces produits sont acceptables auprès de votre organisme de certification.


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