Réduire la verse dans le soya

Dans le soya, la verse (c'est-à-dire l'affaissement des plants) peut gravement affecter le rendement. Heureusement, ce ne sont souvent que de petites sections du champ qui présentent des problèmes de verse. Dans de rares cas, des champs au complet s'affaisseront, ce qui réduit énormément le potentiel de rendement. La pénétration de la lumière dans le couvert végétal durant les stades de croissance cruciaux sera altérée par la verse, réduisant ainsi la capacité des plants à produire des graines. La verse est le plus nuisible lorsqu'elle survient du stade R3 (premières gousses) au stade R5 (premières graines). Lorsqu'elle apparaît à des stades de croissance plus tardifs, elle cause surtout des problèmes à la récolte. Par ailleurs, les maladies se propagent plus facilement dans les plants atteints de verse, ce qui réduit encore plus le rendement. La sclérotiniose se propage particulièrement dans les plants atteints de la verse. Cette dernière se produit souvent dans les zones les plus productives d'un champ, lesquelles se démarquent par leur niveau de fertilité élevé et leur humidité. Les gagnants de concours de rendement qui obtiennent de hauts plants luxuriants de soya comportant de nombreuses gousses ont souvent des problèmes de verse. Toutefois, la verse s'observe aussi dans des champs ayant une faible teneur en potassium.

Figure 1. Plants de soya touchés par la verse.

Figure 1. Plants de soya touchés par la verse.

Quelle est la cause de la verse dans le soya?

Dans certains États américains (surtout au sud de l'Ohio), le perce-tige du soya est une cause importante de la verse. Les stades larvaires de cet insecte creusent des galeries à travers les tiges, ce qui finit par sectionner les plants à leur base. Ce problème est particulièrement présent tard en saison. Heureusement, on n'a pas encore signalé de ravage causé par cet insecte en Ontario.

Les principales causes de la verse dans le soya en Ontario sont les suivantes :

1. Densités de peuplement élevées. Quand les densités de peuplement sont trop élevées pour un environnement donné, on se retrouve avec des plants trop hauts. Les plants compétitionnent entre eux pour la lumière, ce qui entraîne l'élongation des tiges et affaiblit les plants. Le nombre exact de plants à l'acre qui seront touchés par la verse dépend du type de sol, des cultivars semés et des conditions de croissance. Par exemple, les sols argileux où les plants de soya sont physiquement plus courts peuvent soutenir des densités de peuplement beaucoup plus élevées que les sols loameux. À la figure 2, 250 000 semences/acre ont suffi pour entraîner des cas majeurs de verse sur ce sol loameux comparativement à des parcelles semées à un taux de 200 000 semences/acre où il n'y a pas eu de verse. À noter aussi que dans de rares cas, des densités de peuplement extrêmement faibles peuvent occasionner de la verse étant donné que chaque plant porte un nombre excessif de gousses. Du vent tard en saison peut renverser ces plants.

Figure 2. Des taux de semis élevés peuvent causer de la verse. À gauche, parcelle ensemencée à un taux de 250 000 semences/acre, avec verse. À droite, parcelle ensemencée à un taux de 200 000 semences/acre, sans verse.

Figure 2. Des taux de semis élevés peuvent causer de la verse. À gauche, parcelle ensemencée à un taux de 250 000 semences/acre, avec verse. À droite, parcelle ensemencée à un taux de 200 000 semences/acre, sans verse.

2. Sol peu fertile. C'est le cas surtout des sols pauvres en potassium, une condition qui affaiblit les tiges et les rend plus vulnérables à la verse. Il est reconnu que de faibles teneurs en potassium sont associées à une faiblesse des tiges dans le cas des graminées, mais c'est vrai aussi dans le cas de légumineuses. Les champs de soya qui manquent de potassium sont plus vulnérables à la verse (voir la figure 3).

Figure 3. Dans un champ déjà pauvre en potassium : à gauche plants touchés par la verse dans une parcelle sans apport d'engrais potassique et à droite, avec application de 100 lb/acre de 0-0-60.

Figure 3. Dans un champ déjà pauvre en potassium : à gauche plants touchés par la verse dans une parcelle sans apport d'engrais potassique et à droite, avec application de 100 lb/acre de 0-0-60.

3. Une teneur excessive en azote causée par des épandages de fumier contribuera à aggraver la verse au cours des saisons humides. Bien que le soya réagisse bien à des apports raisonnables de fumier, une concentration excessive en azote favorisera la verse. L'apport d'azote au début de la saison de croissance stimule la croissance végétative, mais non la production de graines.

Pratiques pour réduire la verse

Certaines années, la verse est presque inévitable, mais des pratiques judicieuses permettront de réduire grandement les pertes dans les champs vulnérables. Les indices de sensibilité à la verse sont établis dans le cadre d'essais de performance et ils sont affichés sur le site gosoy.ca. Ces indices, conjugués aux données sur la hauteur des plants, devraient être utilisés pour le choix des cultivars à semer. Le choix d'un cultivar de faible hauteur qui présente un bon indice de sensibilité à la verse peut résoudre le problème dans les champs ayant des antécédents de verse. Des semis hâtifs donneront aussi des plants plus courts comparativement aux plants semés à la deuxième moitié de mai ou au début juin. Le fait de semer plus tôt en saison signifie que le temps est plus frais durant les stades de croissance végétative, ce qui réduit la longueur entre les nœuds et raccourcit les plants. Des semis hâtifs contribuent aussi à augmenter le potentiel de rendement; cette pratique comporte donc peu d'inconvénients. Finalement, ce qui importe le plus, c'est de diminuer les taux de semis pour qu'ils n'excèdent pas 150 000 plants à l'acre dans les zones vulnérables à la verse. Dans les champs très productifs, un taux de semis de 130 000 est souvent suffisant.


Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca