
Gestion des graminées remontantes et non remontantes
Les graminées ne poussent pas miraculeusement et ce ne sont pas toutes les espèces qui le font de la même manière. Comprendre comment les différentes espèces de graminées croissent permet aux producteurs de prendre des décisions judicieuses en vue de maximiser la production de fourrages dans leurs champs de foin et leurs pâturages. Les graminées remontantes et non remontantes réagissent différemment à la fauche, ce qui a un effet direct sur la productivité et la persistance de la culture.
Dans une parcelle établie, les plants de graminées ne comportent pas une seule tige, ils ont au contraire de nombreuses talles (tiges secondaires). Un seul plant de graminée peut avoir des douzaines de talles naissant à partir de points de croissance (ou point végétatif) à la base du plant. La présence du point de croissance à la base du plant représente une adaptation évolutive, puisqu'elle protège la graminée du broutage, étant donné que la plupart des animaux ne peuvent pas brouter aussi près du sol et endommager ainsi ce point de croissance.
Durant la croissance végétative, les feuilles poussent vers le haut à partir de la base des talles. Puis, pour toutes les graminées, la montaison (ou élongation de la tige) se produit pour préparer le plant à la floraison et à la grenaison. La tige (ou chaume) est faite de nœuds séparés par des entre-nœuds. Chaque nœud et son entre-nœud correspondent à un segment de la tige. Techniquement, toutes les espèces de graminées sont des espèces remontantes puisqu'elles produisent toutes des tiges florifères à la suite de l'élongation des espaces entre les nœuds. Les qualificatifs de « remontante » ou « non remontante » désignent en fait le type de repousse de l'espèce de graminée une fois que l'épi est enlevé.
Lorsque les espèces remontantes repoussent après la floraison, une nouvelle élongation de la tige se produit. Dans leur cas, le point de croissance se situe au-dessus du segment nœud/entre-nœud le plus récemment formé, ce qui signifie qu'à mesure que l'élongation de la tige progresse, le point de croissance s'élève dans le plant. Les graminées remontantes sont facilement endommagées si le point de croissance est fauché ou brouté au mauvais moment. La défoliation sera moins dommageable pour les espèces remontantes si elle survient soit durant le tallage quand le point de croissance est bas, ou entre le stade du gonflement (fin montaison) et le début de l'épiaison. Si les graminées sont récoltées durant la montaison, la nouvelle pousse doit naître à partir de la couronne du plant et utiliser les réserves d'énergie des racines, comme cela se produit lorsque le plant sort de l'état de dormance au printemps. Cette situation cause un stress majeur au plant de graminée. Si l'on attend jusqu'au stade du gonflement pour faucher, la couronne a le temps de former des talles additionnelles qui vont assurer la repousse. Du moment que la fauche se fait au bon moment, les graminées remontantes peuvent être fauchées aussi court que 5 à 7,5 cm (2 à 3 po) sans réduire le potentiel de rendement ou la persistance de la culture. La fléole des prés (mil), le brome inerme, l'alpiste roseau et le ray-grass d'Italie (annuel) sont des graminées remontantes.
Lorsque des espèces non remontantes sont fauchées après la floraison, la repousse demeure au stade végétatif et très peu de talles vont connaître une nouvelle montaison durant la saison de croissance. Les points de croissance des graminées non remontantes demeurent près du sol. Ces points sont donc plus difficilement fauchés ou broutés et la repousse des feuilles peut se faire plus rapidement que dans le cas des espèces remontantes. Une fauche moins basse ou une gestion du broutage permettant de laisser une portion adéquate du plant au-dessus du de la base des tiges protègent les points de croissance et la productivité des graminées non remontantes. Le dactyle pelotonné, la fétuque élevée, la fétuque des prés, le pâturin des prés et le ray-grass vivace sont des graminées non remontantes. La fétuque des prés, le pâturin des prés et le ray-grass vivace vont tolérer une coupe jusqu'à 5 cm (2 po), mais le dactyle pelotonné est plus productif si on laisse les plants après la fauche à une hauteur de 7,5 à 10 cm (3 à 4 po).
La gestion devient plus compliquée lorsqu'on mélange des espèces remontantes et non remontantes. Les graminées non remontantes conviennent mieux aux pâturages, puisque le point de croissance est mieux protégé et que la repousse végétative est plus appétente pour les animaux qui les broutent. Les espèces remontantes et non remontantes peuvent toutes deux être récoltées pour être entreposées. Il se peut qu'il n'y ait pas vraiment de moment où toutes les espèces remontantes dans un mélange arrivent simultanément au stade voulu pour la récolte, il faut donc que les exploitants surveillent étroitement le stade de croissance de chaque espèce pour décider laquelle ils privilégient. Des fauches répétées à un stade de croissance vulnérable finiront par éliminer l'espèce de la parcelle.
Sources
National Forage & Grasslands Curriculum, Discuss the basics of grass growth, Oregon State University, 2008.
Oregon State University, date inconnue, Jointing and Non-jointing Grasses.
Pierce Conservation District, date inconnue, How Plants Grow.
Thomas, B., Managing Pasture for Better Yields and Quality [Présentation], Profitable Pastures Conference, Ontario Forage Council, Mount Forest, Ontario, 10 mars 2020.
Pour plus de renseignements :
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Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca
Auteur : | Christine O'Reilly, spécialiste de la culture des fourrages et des animaux de pâturage/MAAARO |
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Date de création : | Septembre 2020 |
Dernière révision : | Septembre 2020 |