L'automne est la bonne saison pour évaluer la présence du nématode à kyste du soya!

On est certain d'au moins deux choses à cette période de l'année : l'hiver s'en vient et le nématode à kyste du soya (NKS) a fait son travail ! Bon nombre de producteurs luttent contre ce nématode (figure 1) en semant des variétés qui lui sont résistantes, MAIS pour être efficace la lutte contre le NKS ne se termine pas quand on a choisi les variétés de soya à semer! Il est impératif de non seulement connaître les niveaux de population de NKS dans chacun des champs, mais de suivre l'évolution de ces niveaux au fil du temps. Si les populations de NKS baissent, cela signifie que vos méthodes de lutte fonctionnent. Si les populations augmentent, il est clair que le problème s'aggrave et pourrait devenir difficile à maîtriser, ce qui risque de provoquer de lourdes pertes de rendement, d'argent et d'heures de sommeil! Si vous ne savez pas comment votre population de NKS évolue dans vos champs, vos efforts risquent d'être inutiles. Les analyses visant à détecter le NKS sont une composantes très importantes d'un programme de lutte contre ce ravageur dévastateur.

Figure 1. Comparaison de la taille des kystes du NKS sur des racines à celle des nodules.

Figure 1. Comparaison de la taille des kystes du NKS sur des racines à celle des nodules.

L'échantillonnage pour l'évaluation de la présence du NKS qui est fait à l'automne offre la possibilité de d'effectuer aussi des prélevés pour les analyses de sol utilisées en vue d'établir le plan de fertilisation de l'année suivante. Il suffit en fait de prélever un peu plus d'échantillons de sol dans le champ, de les mélanger, de les diviser en deux et d'en faire parvenir une moitié pour obtenir des recommandations de fertilisation et l'autre moitié pour l'évaluation de la présence du NKS. L'échantillonnage effectué à l'automne aide à repérer les champs à faible rendement pendant qu'on les a encore en mémoire. À l'automne, l'échantillonnage tient compte de tous les changements significatifs dans les populations de NKS qui se sont produits durant la saison de croissance.

On doit se rappeler que l'exactitude des résultats dépend étroitement de la qualité de la méthode d'échantillonnage. Il est par conséquent nécessaire d'obtenir des échantillons de sol qui sont représentatifs du champ. Idéalement, le nombre d'acres couverts par un échantillonnage ne devrait pas excéder 20 à 25. Moins il y a d'acres représentés dans un échantillon, plus les résultats seront précis. Toutefois, un échantillon de champ très grand (50 à 100 acres) vaut quand même mieux qu'aucun échantillonnage.

Les échantillons de sol doivent être prélevés à distances égales, quelle que soit l'apparence de la culture. On ne doit pas se concentrer sur les zones moins productives du champ, à moins de faire l'échantillonnage de tout le champ. On pourra ainsi comparer les zones peu productives avec l'ensemble du champ. Les échantillons d'un même champ devraient être représentatifs d'historiques culturales et de textures de sol similaires.

À l'aide d'une pelle à lame étroite, d'une truelle de jardin ou d'une sonde tubulaire, prélevez du sol à une profondeur de 6 à 8 pouces en circulant en zig-zag entre les rangs. Prenez de 15 à 20 sous-échantillons pour chaque 5 à 10 acres à échantillonner. Les échantillons doivent être prélevés aussi près que possible de l'endroit où se trouvait la culture, en prenant de préférence du sol à l'intérieur du rang. Tel que mentionné plus haut, la méthode d'échantillonnage pour le NKS est la même que pour les analyses de sol et les deux échantillons peuvent donc être prélevés en même temps. Identifiez clairement les échantillons destinés à la détection du NKS et faites-les parvenir à un laboratoire provincial qui effectue ce type d'analyse (voir le Guide agronomique des grandes cultures, Publication 811F du MAAARO - Annexe E).

Interprétation des résultats

D'abord, les résultats vous indiquent si le NKS est présent ou non dans votre champ ainsi que le risque potentiel de perte de rendement en fonction des niveaux de population de NKS (tableau 1). Si les résultats montrent que le NKS n'a pas été détecté, cela signifie que le NKS n'est pas présent ou qu'il est présent à des niveaux non détectables. Il se peut aussi, comme c'est souvent le cas avec le NKS, que les niveaux de population soient variables dans le champ et que les sections contenant le NKS n'aient pas été échantillonnées. Cela signifie que vous devez continuer à surveiller ces champs, car les niveaux de population peuvent changer rapidement. On estime que tout niveau inférieur à 1000 œufs / 100 g de sol est associé à un faible risque de perte de rendement allant de 0 à 20 % pour les variétés vulnérables. Il faudrait semer une variété résistante dans ces champs, ou effectuer une rotation avec une culture non-hôte (comme le maïs ou le blé). Dans les champs à risque modéré à élevé (1000 à 10 000 œufs /100 g de sol), les risques de pertes de rendement se situent entre 20 et 50 % et les variétés résistantes seront probablement affectées, surtout celles qui contiennent la source de résistance PI88788. Une rotation de deux ans avec des cultures non-hôtes devrait être mise en place dans les champs qui contiennent plus de 10 000 œufs /100 g de sol et ces champs devraient être échantillonnés de nouveau afin de vérifier si les populations ont suffisamment décliné pour que l'on puisse semer de nouveau du soya. Une variété vulnérable subira de lourdes pertes de rendement, de même que celles qui contiennent la source de résistance PI88788 (NKS de type 2).

Tableau 1. Risque possible de perte de rendement pour différents niveaux de population de NKS (en fonction des résultats d'analyse).

Population de NKS (œufs/100g de sol) Évaluation du risque Perte de rendement potentielle Rotation
0-500 (sols à texture grossière, sols sableux) Faible
0 à 20 %
4 ans
0 à 1000
(silts à texture fine ou argile)
Faible
0 à 20 %
4 ans
1000
(sols à texture grossière, sols sableux)
Élevé
20 à 50 %
6 ans
2000
(silts à texture fine ou argile)
Élevé
20 à 50 %
6 ans
10 000
(tous types de sol)
Même les variétés résistantes peuvent subir des dommages
50 à 100%
Culture non-hôte

Source : T. Welacky et A. Tenuta, Agriculture et Agroalimentaire Canada et MAAARO, 2014

Les populations de NKS continuent de se développer et de se propager dans la province, comme le confirment certaines observations récentes effectuées dans le comté de Simcoe. Le Manitoba l'Ontario et le Québec sont les seules provinces canadiennes à connaitre des infestations de NKS. Plus le NKS est identifié tôt dans vos champs, plus on peut recourir tôt à des méthodes de lutte pour limiter sa reproduction et empêcher les populations d'atteindre des seuils de dommages économiques. Les méthodes de lutte comme le recours à des variétés résistantes, la rotation entre des variétés présentant diverses sources de résistance (PI88788 et Peking), l'utilisation de cultures non-hôtes comme le maïs et le blé, et l'application d'un nouveau traitement nématicide des semences contribueront à maximiser les rendements des cultures, à minimiser les pertes économiques et à réduire la présence du syndrome de mort subite et plusieurs autres maladies du soya.

Le NKS ne peut pas être éliminé, mais il peut être combattu. La première étape est l'identification : alors n'hésitez pas, allez prendre des échantillons dès maintenant. Faites faire les analyses pour connaître les populations de NKS et lutter contre ce ravageur!

Pour en savoir davantage, consulter le site Web sur la coalition contre le NKS à www.thescncoalition.com ou la publication 811F du MAAARO, le Guide agronomique des grandes cultures.


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Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
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