Pourquoi certains plants de soya demeurent verts?

Au moment de la récolte, les plants de soya qui sont demeurés verts peuvent devenir apparents. Tout le plant ou uniquement les tiges restent verts et, souvent ces plants présentent moins de gousses. Dans les cas graves, les gousses peuvent aussi être petites ou arrondies avec peu ou pas de graines. Il s'agit de gousses parthénocarpiques (non fécondées, sans graines). Un certain nombre de facteurs peuvent être responsables de cette couleur verte persistante, y compris un stress d'origine environnementale. Des températures fraîches en été, de la dérive d'herbicide, une sécheresse grave ou dans certains cas une mutation génétique peuvent provoquer ce phénomène. Lorsque des gousses parthénocarpiques sont présentes, c'est que quelque chose a nui au développement normal du pollen, entraînant une absence ou une très faible quantité de semences. Les tiges et même les feuilles demeurent vertes parce que le plant a produit plus d'hydrates de carbone que ne l'exige le nombre de semences sur ce plant. Il n'y a donc pas assez de gousses et de graines sur ces plants pour favoriser une dessication normale. À noter cependant que ce problème est différent du « syndrome de la tige verte ». Dans les plants affectés par ce syndrome, le nombre de gousses et de graines matures est normal et seule la tige demeure verte. Dans ce cas, les graines et les gousses parviennent à maturité, mais la tige reste verte et humide. On ne comprend pas exactement ce qui cause le syndrome de la tige verte, mais on a constaté de grandes différences à ce sujet selon les variétés de soya.

Figure 1. Exemple d'un plant de soya ayant des gousses parthénocarpiques.

Figure 1. Exemple d'un plant de soya ayant des gousses parthénocarpiques.

On a observé que des températures peu élevées en mi-saison avaient un effet sur la formation des gousses dans le soya. Chez bon nombre de cultivars, la formation des gousses est interrompue à des températures inférieures à 15 °C. Dans le cadre d'un essai, 36 génotypes ont été cultivés à l'intérieur à des températures diurnes et nocturnes de respectivement 25 et 19 °C jusqu'à la floraison. Les plants ont ensuite été soumis pendant deux semaines à des températures de 19/15, 17/15, 15/15, 15/14 et ainsi de suite jusqu'à atteindre 15/7 °C. Six génotypes n'ont pas formé de gousses à des températures inférieures à 15/15 °C. Dix-huit génotypes ont formé des gousses à des températures descendant jusqu'à 15/9 °C, mais seulement deux cultivars ont formé des gousses à 15/7 °. On a observé la formation de petites gousses rondes qui semblaient parthénocarpiques. Ces dernières sont devenues un indicateur utile des dommages dus au froid. Des études subséquentes de terrain ont montré que des températures nocturnes froides durant la floraison étaient aussi associées à la formation de gousses parthénocarpiques (D.J. Hume et Ann K.H. Jackson, Pod Formation in Soybeans at Low Temperatures, Crop Science. Vol.21, 1981).

Au cours d'une année comme 2019, où il n'y a pas eu de basses températures nocturnes à la mi-été, les plants restés verts qui avaient des gousses parthénocarpiques l'ont été pour d'autres raisons. Si le plant entier présente des gousses parthénocarpiques de haut en bas, cela signifie habituellement qu'il y a une mutation dans ce plant en particulier (ou au sein d'une génération précédente et que la mutation s'est exprimée cette année). Cette mutation génétique empêche le développement normal du pollen. Ces plants apparaissent ici et là, mais ils ne représentent qu'un faible pourcentage de l'ensemble de la culture. La mutation est plus fréquente chez certaines variétés et se manifeste souvent au cours des saisons sèches. Puisque le pourcentage de ces plants est en général relativement peu élevé, la récolte n'est habituellement pas affectée par ces plants restés verts et on peut donc les ignorer.

Si certaines zones précises dans le champ restent vertes, l'origine du problème est alors souvent de nature environnementale et n'est donc pas associée à une mutation génétique. Une dérive d'herbicide ou une sécheresse, par exemple, peuvent avoir compromis le développement normal des plants et réduit leur nombre de gousses. Une déprédation par des insectes ou une infection virale peut aussi être responsable. Dans ces cas, les bordures des champs ou certaines zones précises du champ sont plus atteintes que d'autres. Ces cas sont souvent plus graves, puisque la récolte est alors retardée ou l'efficacité de la moissonneuse est compromise.

Figure 2. Exemple d'un plant de soya présentant le « syndrome de la tige verte ».

Figure 2. Exemple d'un plant de soya présentant le « syndrome de la tige verte ».

Il peut arriver aussi que la maturité ne soit pas uniforme dans le champ en raison de zones où le sol est peu fertile. Les sections du champ présentant de faibles teneurs en P et en K n'arriveront pas à maturité aussi rapidement que les zones du champ où le sol est plus fertile. Cette différence dans la sénescence à l'automne est également due à un manque de gousses et de graines par plant dans les zones de faible fertilité.

Bien qu'il soit impossible de maîtriser tous les facteurs environnementaux qui ont un effet sur la persistance de la coloration verte des plants, il reste que la meilleure ligne de défense contre les plants qui restent verts est de s'assurer que le sol est fertile, de lutter contre les insectes nuisibles et d'éviter de semer des variétés qui ont déjà été associés à des problèmes.


Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca