Combien de temps encore avant que le maïs semé tardivement parvienne à maturité?

Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre. Spontanément, on pense à évaluer d'abord le stade de croissance actuel de la culture, faire la somme des unités thermiques de maïs (UTM) requises aux différents stades de croissance jusqu'à la maturité, et calculer sur le calendrier la date que tout cela donnerait en se basant sur les moyennes cumulatives d'UTM à long terme. Le problème avec cette méthode c'est que les plants de maïs s'adaptent à des semis tardifs en réduisant le temps thermique (ou le nombre d'UTM) requis pour passer à travers chaque stade de croissance. Ainsi, le nombre d'UTM nécessaires à cette fin pour du maïs semé le 1er juin est moins élevé que pour le même hybride semé le 1er mai.

Nielsen et al (2002) ont écrit un excellent article sur une recherche qui a permis d'évaluer l'effet des semis tardifs sur le développement des plants et sur le temps requis pour parvenir à maturité chez certains hybrides sélectionnés, semés de la fin avril au début juin en Indiana et dans l'Ohio au début des années 1990.

Voici les principales conclusions de leur recherche :

  • Les hybrides semblent présenter une certaine capacité d'adaptation à de plus courtes saisons. À mesure que les températures de l'air baissent, les degrés-jours de croissance (DJC) requis à chaque stade de croissance diminuent aussi. Cela explique en partie pourquoi les dates changent et que les UTM suggérées ne reflètent pas vraiment la baisse dans les moyennes d'UTM lorsque les semis sont retardés.
  • Le stade de l'apparition des soies (R1) et le stade du point noir (R6) surviennent en moins de jours dans le cas du maïs semé en juin que dans le cas du maïs semé au début mai. L'ensemble des stades végétatifs requiert 10 jours de moins alors que les stades reproducteurs en demandent cinq de plus. Au total, le maïs semé en juin a pris cinq jours de moins pour parvenir à maturité que le maïs semé en mai.
  • Le nombre de jours avant la levée diminue quand les semis sont faits plus tard (étant donné que le sol est plus chaud), mais les DJC requis pour la levée sont les mêmes, quelle que soit la date de semis.
  • Le stade de l'apparition des soies (R1) et le stade du point noir (R6) ont demandé moins de DJC dans le cas du maïs semé en juin que pour celui semé au début mai (respectivement 34 et 144 DJC de moins), soit une diminution de 10 % dans l'ensemble. Bien que les réductions les plus marquées se produisent durant les stades de reproduction, ces derniers durent quand même plus longtemps puisqu'ils surviennent plus tard les années où le cumul de DJC est plus faible.
  • Pour un même site, le nombre de DJC requis est davantage réduit lorsque les semis sont retardés dans le cas des hybrides plus tardifs comparativement aux hybrides plus hâtifs. Plus la date des semis est retardée, plus ces réductions s'accentuent.
  • Bien qu'une grande probabilité d'épisodes de gel provoquant un stade du point noir plus hâtif puisse avoir un léger effet sur la diminution du nombre de DJC requis pour compléter les stades de reproduction dans le cas des semis tardifs, cette diminution est demeurée marquée dans le cadre des essais où il n'y a pas eu de gel destructeur avant le stade du point noir.

Alors qu'est-ce que cela signifie en pratique?

Si vous avez semé un hybride de maïs au début de juin que vous auriez normalement semé au début de mai, vous pouvez vous attendre à ce qu'il parvienne à maturité avec moins d'UTM et de jours que la normale. Si vous estimez le nombre de jours avant la maturité à partir de la date d'apparition des soies, le maïs semé au début de juin demande moins d'UTM que celui qui a été semé au début de mai, mais comme son développement se déroulera au cours de journées où le cumul d'UTM est moindre, il prendre probablement plus de jours que ce qu'on peut attendre du maïs semé en mai. Nielsen et al (2002) ont observé que la durée moyenne de l'apparition des soies au stade du point noir passe de 63 jours pour le maïs semé au début mai à 68 jours pour le même hybride semé au début de juin.

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Références:

DuPont Pioneer, Corn Growth and Development, 2015.

Nielsen, R.L., P.R. Thomison, G.A. Brown, A.L. Halter, J. Wells et K.L. Wuethrich, 2002. Delayed planting effects on flowering and grain maturity of dent corn. Agron J. 94 :549-558, 2002..


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