
Pour une gestion plus précise du seigle en culture de couverture : deuxième volet (2018-2020) du projet de l'Association pour l'amélioration des sols et des récoltes des régions de Heartland et de Eastern Valley
Pour que le sol bénéficie des avantages procurés par les cultures de couverture, il est indispensable d'obtenir suffisamment de biomasse de ces dernières. Humberto Blanco, professeur en gestion des sols et en physique appliquée à l'université Nebraska-Lincoln, a récemment présenté un exposé à l'université de Guelph sur sa recherche concernant les cultures de couverture. Il a conclu que lorsque la biomasse générée par ces cultures est inférieure à 0,5 tonne/acre (voir la figure 1), les avantages attendus, comme l'amélioration de la structure du sol et le taux d'infiltration d'eau, sont rarement observés. Des cultures de couverture plus prolifiques peuvent aussi contribuer à améliorer l'efficacité de la lutte contre les mauvaises herbes. Étant donné que la saison de croissance est courte en Ontario et que les possibilités d'intégrer des cultures de couverture dans les rotations sont parfois limitées, il peut être nécessaire de recourir à une gestion plus spécialisée pour atteindre l'objectif établi, d'où la pertinence du deuxième volet du projet de l'Association pour l'amélioration des sols et des récoltes des régions de Heartland et de Eastern Valley.
Figure 1. Semis de soya (un jour) dans un couvert de seigle céréalier, dans le cadre d'un essai concernant la destruction de la culture (à droite). Le rendement en biomasse de seigle dépassait à peine 0,5 tonne/acre. 24 mai 2017, comté de Brant.
Au Nebraska, comme l'a mentionné le professeur Blanco, les stratégies visant l'accroissement de la biomasse de la culture de couverture font appel à des semis hâtifs, un ensemencement aérien et une destruction tardive. Le choix des espèces de cultures de couverture joue également un rôle important. Au Nebraska et en Ontario, le seigle céréalier est l'une des cultures de couverture des plus rustiques et des plus adaptables. Des essais à la ferme réalisés dans le comté de Brant au cours des deux dernières années ont montré qu'en reportant la destruction du seigle de deux semaines au printemps (jusqu'au semis de la culture principale) on augmente de plus de quatre fois la biomasse, soit de 0,2 tonne à 0,8 tonne/acre de matière sèche. De plus, le semis de la culture principale dans un couvert de seigle a donné des rendements équivalents aux semis effectués lorsque le seigle était détruit tôt en saison.
Au cours des deux prochaines années, dans huit sites d'exploitation et deux stations de recherche, dans les régions de Heartland et de Eastern Valley, on évaluera des stratégies visant à maximiser les avantages procurés par l'utilisation de seigle céréalier en couverture avant les semis de soya. Le deuxième volet du projet de l'OSCIA comporte deux composantes : d'abord, une évaluation du moment de la destruction du seigle céréalier avant la culture de soya en comparant l'absence de seigle avec une destruction hâtive et une tardive de seigle ; deuxièmement, une comparaison entre un système de semis direct, sans herbicide, avec culture de couverture et un système de production de soya conventionnel. Dans la deuxième partie de l'essai, les producteurs participants vont utiliser des rouleaux à crêper pour la destruction de la culture de seigle et laisser un paillis épais dans lequel le soya sera semé.
Le système de semis direct avec culture de couverture est déjà utilisé avec succès par quelques producteurs biologiques innovateurs dans la province. L'un de ces agriculteurs, près de St. Marys, a obtenu un rendement en soya de plus de 50 boisseaux/acre en 2018 dans une ferme de 100 acres. En semant du seigle suffisamment densément tôt l'automne précédent, il a obtenu un paillis épais qui a réduit les mauvaises herbes (figure 2). Peu après, il a détruit le seigle à l'aide d'un rouleau à crêper et a aplani les résidus, puis il a semé du soya, à l'aide la technologie RTK (positionnement GPS cinématique en temps réel), avec un espacement de 15 pouces. Bien qu'il y ait eu des échappées de traitement dans certaines parties du champ (figure 3), le seigle a permis dans l'ensemble de bien maîtriser les mauvaises herbes au cours de la saison (figure 4). Ce deuxième volet du projet sera le premier essai reproduit en Ontario sur l'évaluation d'un système de semis direct, sans herbicide avec culture de couverture. Quatre sites du projet vont porter sur cette comparaison en 2019.
Figure 2. Paillis de seigle céréalier, peu après le passage du rouleau à crêper et l'ensemencement. La masse critique de biomasse nécessaire pour permettre de lutter contre les mauvaises herbes est estimée à 8?000 lb/acre. Dans ce champ, la biomasse était de 8?600 lb/acre. 30 mai 2018, comté de Perth.
Figures 3 et 4. Mauvaises herbes ayant échappé au traitement dans une partie d'un champ de semis direct, en production biologique (fig. 3, à gauche) et section du champ exempte de mauvaises herbes (fig. 4, à droite). 13 août 2018, comté de Perth.
Plusieurs mesures différentes seront prises au cours de la saison à chacun des sites de reproduction de l'essai. On calculera la biomasse de la culture de couverture (figure 5), et les peuplements de soya seront estimés. Des échantillons de sol pour analyse des nitrates seront prélevés au moment des semis de soya; on vérifiera la température et l'humidité du sol à la parcelle de la station de recherche d'Elora d'avril jusqu'à la récolte (figure 6). La densité des mauvaises herbes sera mesurée et le dénombrement des espèces sera effectué aux périodes critiques durant la saison. On évaluera le rendement en soya à l'aide d'une balance à trémie et de capteurs de rendement étalonnés.
Figures 5 et 6. Échantillon d'un pied carré de biomasse de seigle, prélevé, séché et pesé, pour une estimation de la biomasse à l'acre (fig. 5, à gauche) 30 mai 2018, comté de Perth. Photo d'un enregistreur de données de température et d'humidité à la parcelle de la station de recherche d'Elora (fig. 6, à droite). 23 avril 2019.
Objectifs principaux du projet :
- Trouver comment minimiser les risques de pertes de rendement et apprendre l'effet des mauvaises herbes dans le soya semé sous couvert de seigle.
- Comparer les pratiques de semis direct avec culture de couverture et celles avec travail du sol dans la production de soya biologique.
Pour en savoir davantage et obtenir des mises à jour au fil de la saison, consulter la page sur les cultures de couverture à www.fieldcropnews.com (en anglais). Surveiller les tournées estivales dans les régions de Heartland et de l'Eastern Valley ainsi que les rapports sur l'évolution des cultures (Crop Advances) de l'OSCIA ainsi que leur rapport de fin d'année.
Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca
Auteur : |
Jake Munroe, spécialiste
de la fertilité du sol, grandes cultures/MAAARO |
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Date de création : | 29 mai 2019 |
Dernière révision : | dd SPACE fullmonth SPACE yyyy |