Résistance antimicrobienne 101

En quoi consiste le problème?

Chaque fois que quelqu'un utilise un agent antimicrobien, que ce soit en médecine humaine ou animale, le médicament tue les bactéries sensibles et laisse en vie celles qui lui résistent. C'est le même concept que la «sélection naturelle» et la «loi du plus fort». Quand les bactéries sensibles sont détruites, les bactéries résistantes ont de la place pour croître et se multiplier, ce qui fait que vous vous retrouvez de nouveau avec le même nombre de bactéries, mais contre lesquelles l'agent antimicrobien utilisé précédemment ne fonctionne plus. Ce sont les gens qui sont à l'origine de ce taux d'accroissement très rapide de la «sélection» bactérienne résistante aux antimicrobiens à cause de l'utilisation fréquente d'antibiotiques.

Certaines bactéries sont également en mesure de partager des fragments de leur ADN (gènes) qui les rendent résistantes. Les «superbactéries» possèdent souvent de grands ensembles de ces gènes qu'elles ont accumulés au fil du temps et qui les rendent résistantes à la plupart ou à tous les antibiotiques sur le marché, ne laissant que peu ou pas de moyen de traiter une personne ou un animal infecté.

La principale préoccupation concernant les bactéries résistantes est leur propagation et l'infection qu'elles causent au sein d'une communauté. Bien que quiconque puisse être infecté, les personnes les plus vulnérables sont les patients des hôpitaux et des établissements de soins de longue durée, ainsi que les personnes dont le système immunitaire est amoindri, en raison de l'âge ou de la maladie. Les animaux peuvent également tomber malades en raison d'une infection due à des bactéries résistantes. Il ne s'agit pas uniquement d'une préoccupation sur le plan du bien-être animal ou de la production. Les animaux peuvent souvent être porteurs de bactéries résistantes sans présenter de signes cliniques, ce qui en fait une source potentielle de propagation pouvant transmettre ces microbes aux humains. Même les personnes qui ne touchent jamais un animal d'élevage peuvent entrer en contact avec les bactéries provenant du bétail par le biais de l'environnement, des sources d'eau, des produits alimentaires d'origine animale et même des produits alimentaires qui ne sont pas d'origine animale (par exemple, les fruits et légumes qui ont été fertilisés avec du fumier d'animaux ou une contamination croisée après la récolte).

Quelles sont les mesures à prendre?

Les pays du monde entier prennent des mesures pour tenter de réduire l'utilisation d'antimicrobiens (UAM) chez l'homme et les animaux, afin de ralentir l'apparition de résistance aux antimicrobiens (RAM). L'Organisation mondiale de la santé dispose d'un plan d'action mondial visant à combattre la RAM.

Dans le secteur agricole, de nombreux pays européens prennent déjà des mesures pour réduire l'UAM. Par ailleurs, les États-Unis et le Canada s'efforcent de se joindre à la lutte mondiale contre la RAM. À la suite d'une annonce semblable faite par la Food and Drug Administration des États-Unis, Santé Canada élimine l'utilisation des antimicrobiens d'importance médicale en tant que stimulateurs de croissance chez le bétail et la volaille, en demandant aux compagnies pharmaceutiques de supprimer les allégations à ce sujet des étiquettes de ces produits. Le tableau 1 montre la catégorisation des médicaments antimicrobiens utilisés en production animale selon Santé Canada.

Les médicaments antimicrobiens importants sur le plan médical utilisés dans les aliments pour animaux ou dans l'eau ne seront plus offerts aux agriculteurs en vente libre sans une ordonnance vétérinaire. L'importation de ces médicaments pour utilisation personnelle par un producteur ne sera plus autorisée, et l'importation d'ingrédients pharmaceutiques actifs (c.-à-d. des médicaments qui doivent être mélangés ou préparés avant d'être administrés) sera également soumise à une surveillance accrue.

Bien que tous ces changements continuent d'évoluer, il est indispensable pour les producteurs de rester en contact étroit avec leurs organisations de l'industrie, afin d'assurer que les intérêts et préoccupations des éleveurs soient bien représentés.

Tableau 1. Catégorisation des antimicrobiens selon leur importance en médecine humaine (d'après Santé Canada)

Catégorie d'importance en médecine humaine Classes d'antimicrobiens Exemples Remplacement
I - Très haute
Céphalosporines (3e et 4e génération)
Fluoroquinolones
Associations pénicilline-inhibiteur de B-lactamase
Polymixines
Ceftiofur
Enrofloxacine
Amoxicilline et acide clavulanique
Polymyxine B (colistine)
Peu /aucun
II - Haute
Aminoglycosides
Céphalosporines (1e et 2e génération)
Macrolides
Pénicillines
Gentamicine, Streptomycine
Céphalexine
Érythromycine, Tylosine
Pénicilline G, Ampicilline
Habituellement
III - Moyenne
Bacitracines
Phénicoles
Sulphonamides
Tétracyclines
Pleuromutilines
Bacitracine
Florfénicol
Variétés de sulfamides
Chlortétracycline
Tiamuline
Pour certains
IV - Faible
Ionophores
Flavolphospholipols
Monensin, Lasalocide
Bambermycine
Sans objet

Que puis-je faire pour aider?

Chaque personne a un rôle à jouer pour aider à endiguer la marée montante de la résistance aux antimicrobiens. Il est important de collaborer avec son vétérinaire afin d'assurer que les pratiques de biosécurité sont efficaces et qu'elles contribuent à réduire au minimum les risques d'introduction de maladies et de propagation. En gardant les animaux d'élevage en santé grâce à une bonne alimentation, en leur offrant de l'air pur (une bonne ventilation), un environnement propre et peu contraignant, et en évitant les problèmes associés à une surpopulation, il est possible de réduire considérablement la nécessité d'utiliser des antimicrobiens au départ. Lorsque des antimicrobiens sont nécessaires, on doit les utiliser à bon escient pour assurer que chaque utilisation est aussi efficace et efficiente que possible. (Voir les conseils ci-dessous.)

Conseils pour réduire la maladie et le recours aux antimicrobiens

  • Réduire le stress : des stratégies comme la mise en condition des animaux et un sevrage peu stressant demandent un peu plus de temps et d'efforts, mais peuvent certainement être utiles, particulièrement pour réduire le recours aux antimicrobiens. Une manutention qui génère peu de stress et l'évitement de choses comme la surpopulation sont d'autres facteurs importants pour le bien-être des animaux.
  • Biosécurité : il est souvent impossible d'éviter certaines situations comme de mélanger des animaux qui sont à différents stades de production, mais le fait de réduire l'incidence des mélanges chaque fois que c'est possible peut encore être très bénéfique. Voir également à séparer rapidement les animaux malades afin de réduire la propagation de l'infection.
  • Vacciner : la vaccination permet de prévenir la maladie avant qu'elle n'apparaisse, et «l'immunité collective» peut même aider à protéger les animaux non vaccinés en réduisant la quantité de bactéries et de virus circulant au sein d'un groupe.
  • Parler à son vétérinaire : l'éleveur et son vétérinaire constituent la meilleure équipe pour identifier les forces et les faiblesses propres à l'exploitation, de façon à savoir celles qui sont les plus susceptibles de réduire l'utilisation d'antimicrobiens et d'améliorer la santé animale, tout en maintenant la rentabilité.

Conseils pour utiliser les antimicrobiens à bon escient quand ils sont nécessaires

  • Savoir ce que l'on traite : les antimicrobiens agissent uniquement contre les bactéries, et non contre les virus, et certaines affections (par exemple la boiterie) peuvent être causées par des facteurs autres qu'une infection.
  • Choisir le bon produit : «On ne prend pas un marteau pour tuer une mouche». " Éviter d'utiliser un puissant antimicrobien à large spectre quand il existe un médicament qui cible plus spécifiquement l'infection que vous essayez de traiter. Cette pratique est souvent meilleure pour l'animal et contribue davantage à réduire le risque de résistance globale.
  • Suivre les instructions : s'assurer d'utiliser la dose et la voie d'entrée appropriée, et traiter l'animal le bon nombre de jours. Cela permettra de maximiser l'efficacité de l'agent antimicrobien et d'éviter la présence de résidus une fois le délai d'attente écoulé.
  • Traiter rapidement les animaux malades : la réaction est généralement meilleure et le besoin pour des traitements additionnels est réduit.
  • Tenir de bons dossiers : la seule façon de savoir avec certitude si les stratégies et protocoles de traitement sont fiables est de garder un suivi des animaux qui tombent malades, de la façon dont ils sont traités et de leurs réactions. Ces renseignements devraient être revus régulièrement avec le vétérinaire pour aider à assurer que les antimicrobiens sont utilisés de la façon la plus efficace possible et pour repérer d'autres aspects pour lesquels des stratégies de prévention pourraient être utilisées ou améliorées.
  • Savoir quand euthanasier : n'utilisez pas d'antimicrobiens dans un «ultime effort» pour traiter un animal qui a peu de chances de survivre. Garder les antimicrobiens pour les cas où ils pourraient être efficaces.

Renseignements et resources additionnelles


Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca