Entreposage temporaire au champ de fumiers solides ou d'autres matières de source agricole
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IntroductionLe Règlement de l'Ontario 267/03 (le « Règlement ») adopté en application de la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs (la « LGEN ») renferme de nombreuses dispositions qui s'appliquent aux fermes tenues de produire un plan de gestion des éléments nutritifs (PGEN) ou une stratégie de gestion des éléments nutritifs (SGEN). Les grosses exploitations qui produisent 300 unités nutritives (UN) ou plus et celles qui produisent plus de 5 UN et qui, depuis le 31 décembre 2005, ont besoin de lever un permis pour construire un bâtiment d'élevage ou une structure de stockage de fumier, sont tenues de se doter de l'un ou l'autre de ces documents. À quelques exceptions près, ces exploitations doivent maintenant avoir une capacité d'entreposage de fumier égale à 240 jours de production. Pour atteindre cette capacité dans le cas du fumier solide, les exploitants peuvent additionner la durée d'entreposage offerte par tous les moyens d'entreposage qui sont à leur disposition, dont :
Par exemple, un producteur de poulets à griller satisfait à l'exigence des 240 jours s'il :
L'entreposage temporaire au champ donne aux producteurs une plus grande souplesse d'exploitation. En contrepartie, les producteurs qui ont recours à l'entreposage temporaire doivent respecter des règles strictes pour réduire le risque de contamination des eaux de surface ou souterraines. Figure 1. Entreposage temporaire de fumier dans un vignoble. Connaissance de la LGEN et des autres dispositions législatives ontariennesLa LGEN et le Règlement régissent l'entreposage, la manutention et l'épandage des éléments nutritifs qui sont destinés à être épandus sur des terres agricoles cultivées. Le but est de protéger les ressources en eaux de surface et souterraines de l'Ontario. Les articles 82 à 86 de la partie VIII du Règlement énoncent les normes à respecter concernant les lieux d'entreposage temporaire au champ. Quelle est la définition de « solide »?Aux fins du Règlement, « solide », « relativement à des matières prescrites ou à des éléments nutritifs, s'entend des matières ou éléments dont la teneur en matière sèche est de 18 % ou plus ou dont l'affaissement est de 150 millimètres ou moins lors de l'essai d'affaissement au cône d'Abrams utilisé pour déterminer la consistance des déchets liquides, selon la description donnée à l'annexe 9 du Règlement 347 pris en application de la Loi sur la protection de l'environnement. » Chez la majorité des producteurs, les « matières prescrites solides » sont des fumiers solides contenant un matériau de litière, par exemple, paille, tourbe, copeaux, sciure ou autre, qui y adhère, ce qui permet leur mise en tas et leur manutention par une fourche hydraulique. Les exigences du Règlement liées à l'entreposage temporaire font la distinction entre trois catégories de matières prescrites en fonction de leur teneur en matière sèche. Le tableau 1 donne des exemples de ces catégories. Tableau 1. Catégories de matières prescrites en fonction de leurs teneurs en matière sèche Plus de 50 % de matière sèche
Plus de 30 % mais moins de 50 % de matière sèche
De 18 à 30 % de matière sèche
1 Comme on accroît la matière sèche d'un fumier quand on y ajoute de la litière, ce type de fumier pourrait raisonnablement passer dans une catégorie plus sèche. 2 Les matières de source agricole qui titrent moins de 18 % de matière sèche, mais qui passent l'« essai d'affaissement », devraient être rangées dans cette catégorie pour ce qui concerne l'application du Règlement. Calcul de la durée maximale de l'entreposage temporaire en un lieu donnéLe Règlement s'applique dès que des matières nutritives sont laissées en tas sur un champ pendant plus de vingt-quatre heures. Le nombre de jours d'entreposage temporaire varie en fonction de dix critères liés aux caractéristiques du site et aux pratiques de gestion optimales. Les agriculteurs qui appliquent des méthodes propres à protéger les eaux de surface et souterraines sont récompensés en étant autorisés à prolonger la période d'entreposage temporaire au champ. Le tableau 5, au centre de la présente fiche, énumère les dix critères et indique la façon d'utiliser chacun pour déterminer cumulativement la durée maximale de l'entreposage qui est permise en un lieu donné et les raisons qui la justifient. La durée d'entreposage permise dépend du risque relatif de contamination des eaux de surface ou souterraines. Le nombre total de jours d'entreposage s'obtient par addition, mais il ne peut dépasser 300 jours. Cette règle s'applique au fumier solide et aux autres matières de source agricole. Les règles visant l'entreposage temporaire au champ s'appliquent uniquement aux agriculteurs qui sont tenus de préparer une SGEN ou un PGEN. Cependant, il est à espérer que les agriculteurs qui ne sont pas encore tenus de préparer ces documents appliqueront de leur plein gré les critères de calcul de la durée d'entreposage, car ceux-ci font en sorte que l'entreposage temporaire au champ de fumier solide ou d'autres matières prescrites contribue le moins possible à la contamination des eaux de surface ou souterraines. Tableau 3. Exigences minimales liées à la gestion aux termes du Règlement Le Règlement énonce plusieurs exigences minimales s'appliquant à la gestion des lieux d'entreposage temporaire. Les passages en italique expliquent ce qui motive l'exigence.
Tableau 4. Exigences minimales
liées à l'emplacement aux termes du Règlement Le Règlement définit les exigences minimales
qu'il faut respecter au moment de choisir l'emplacement. Les passages
en italique expliquent ce qui motive l'exigence.
1 Sol non consolidé, c.-à-d. sol qui n'a pas été tassé autrement que par les passages normaux des machines agricoles. 2 Au sens du Règlement, « nappe phréatique », « relativement à un bien-fonds, s'entend du niveau d'eau le plus élevé constaté dans le sol, selon les dossiers des puits artésiens les plus rapprochés du bien-fonds ou selon les renseignements recueillis après le creusage d'un trou d'essai au moment où des matières contenant des éléments nutritifs sont placées dans un site temporaire d'entreposage d'éléments nutritifs sur place situé sur le bien-fonds, ou avant ce moment ». Tableau 5. Critères de calcul du nombre de jours pendant lesquels il est permis de stocker au champ des matières prescrites ou des fumiers solides
Explications : Plus le fumier contient de la matière sèche, plus il absorbe la pluie. Les éleveurs de volaille, dont le fumier contient plus de 50 % de matière sèche, sont souvent à même de constater au moment de la reprise du tas que la pluie n'a réussi à imbiber la matière que sur une épaisseur de 125 mm, comme le montre la photo ci-contre. Lorsque le fumier est humide, la pluie s'écoule sur les côtés du tas ou bien traverse le tas puis pénètre dans le sol. Pour réduire le ruissellement, il faut savoir que le tas absorbe d'autant plus de pluie que son dessus est plat.
Explications : Plus le fumier est pauvre en azote et en phosphore, moins un éventuel ruissellement peut être nocif pour l'environnement. Ces deux éléments nutritifs sont en proportion très variable dans le fumier solide selon l'espèce animale et le régime alimentaire. Le tableau ci-contre indique les teneurs moyennes par fourchettes de matière sèche utilisées dans le logiciel NMAN pour de nombreux animaux. Les teneurs en N et en P du fumier peuvent varier selon la litière qu'on y ajoute.
Explications : Si un liquide s'écoule le long des côtés du tas ou percole à travers le tas stocké temporairement au champ, le risque pour l'environnement est moins grand si ce liquide contaminé ne trouve pas de conduit qui l'amène vers l'eau de surface ou souterraine. Ces conduits peuvent être constitués par des tuyaux de drainage souterrains ou par la roche-mère qui se trouvent au-dessous ou près du tas ou le long de la première partie de la voie d'écoulement qui dirige les liquides à l'écart du tas. La plupart des fermes de l'Ontario sont drainées et, dans bon nombre, la roche-mère est à une faible profondeur. On serait porté à croire que de tels sols se prêtent bien à l'entreposage du fumier, parce qu'ils sont secs et supportent la circulation des machines. Or, le Règlement décourage l'entreposage à ces endroits en « déduisant » des jours d'entreposage sur les sites présentant ces caractéristiques.
Explications : Plus le sol situé sous un lieu d'entreposage temporaire est lourd, moins il y a de possibilité pour le lixiviat de percoler à travers le sol pour atteindre l'eau souterraine. Les sols argileux sont relativement denses et s'opposent davantage à la percolation des liquides que les sols plus légers, à texture plus grossière, du genre de ceux que l'on trouverait dans le verger de pêchers montré sur la photo ci-contre.
Explications : À volume égal, un tas qui est de forme carrée et compacte absorbe davantage de pluie qu'un tas étroit et long, car son périmètre total est moins long, ce qui réduit d'autant le ruissellement. Le tableau ci-contre montre le périmètre de trois tas (chacun contenant 100 tonnes de fumier solide de poulets à griller) qui ont été déposés par la remorque à fumier sur une épaisseur de 1,2 m (4 pi) : un andain long, deux andains de longueur moyenne et trois andains courts.
Explications : En empêchant la pluie d'atteindre le fumier, les bâches réduisent la production de liquide contaminé. Pourtant, elles n'ont pas la faveur des producteurs parce qu'elles leur compliquent la tâche et sont difficiles à ancrer pour résister au vent. Il est recommandé d'utiliser des bâches imperméables mais respirantes (qui laissent passer l'air), comme celle, partielle (photo ci-contre), qui est employée dans un système de compostage avec retournement (voir aussi les exemples 5 et 6).
Explications : Si des liquides devaient s'écouler du tas, ils présenteraient d'autant moins de risque pour l'environnement que la distance est plus longue jusqu'à l'eau de surface ou une bouche d'entrée du réseau de drainage souterrain. On trouve dans le Règlement la définition des eaux de surface. Bien que cette définition ne s'étende pas aux bouches d'entrée des réseaux de drainage souterrain, comme les collecteurs à sédiments ou les avaloirs qui évacuent les eaux d'inondation (voir ci-contre), il ne faut pas stocker de matières nutritives près de ces installations.
Explications : Quand on stocke temporairement des matières nutritives au même endroit plusieurs années de suite, le lieu d'entreposage est considéré comme étant permanent. La réutilisation du même endroit provoque une accumulation d'éléments nutritifs dans le sol qui peut rendre celui-ci impropre à la culture. Les tas doivent être de taille appropriée pour le champ où ils sont déposés et ils doivent être déposés dans les champs en fonction des cultures qui y sont prévues. Les tas de fumier constitués à l'arrière des bâtiments d'élevage, comme celui que l'on voit sur la photo ci-contre, ne sont pas des lieux d'entreposage temporaire.
Explications : Beaucoup d'agriculteurs veulent épandre le fumier durant la période relativement sèche de l'année qui correspond à la fin de l'été et au début de l'automne, par exemple, après le moissonnage du blé (photo ci-contre). À cette époque de l'année, le fumier perd en général plus d'humidité par évaporation qu'il n'absorbe de pluie, ce qui fait baisser le risque de ruissellement. Le Règlement prévoit un incitatif à l'entreposage temporaire au champ du fumier qui sera épandu durant la période sèche de l'année, à condition que le fumier soit entassé à un endroit différent chaque année, selon la rotation culturale.
Explications : Un nombre croissant de fermes compostent leur fumier solide avant de l'épandre sur leurs terres cultivées, comme l'illustre la photo ci-contre. De longs andains de fumiers contenant une bonne proportion de paille ou de copeaux sont placés dans le champ, puis sont retournés souvent pour bien mélanger les constituants et introduire de l'oxygène. Ce processus améliore le compostage. En outre, il accélère l'assèchement des tas et rompt leur croûte superficielle, ce qui permet aux tas de se comporter en éponges et de s'imbiber de la pluie. Total = Additionnez les totaux que vous avez inscrits dans la colonne « Votre ferme » = Nombre maximal admissible de jours consécutifs d'entreposage temporaire au champ à cet endroit Exemple 1 Application des dix critères à un lieu d'entreposage temporaire de fumier de cheval destiné à être épandu sur un champ de maïs :
Donc, le fumier de cheval peut être stocké à cet endroit pendant 180 jours au maximum. Pour bénéficier d'une durée d'entreposage accrue, il suffit de choisir un lieu qui n'a pas servi de lieu d'entreposage temporaire au cours des deux dernières années. Exemple 2 Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire de fumier de poulets à griller dans un vignoble :
Donc, le fumier de poulets peut demeurer à cet endroit pendant 90 jours au maximum. Il y a deux façons qui permettraient d'obtenir une durée accrue : choisir un endroit n'ayant pas servi de site d'entreposage temporaire au cours des deux dernières années et se trouvant dans une zone sans drainage souterrain. Exemple 3 Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de bovins d'engraissement situé dans un champ de maïs :
Donc, on peut laisser le fumier de bovins d'engraissement sur ce lieu d'entreposage temporaire au champ pendant une période maximale de 240 jours. Exemple 4 Application des dix critères à un tas de fumier stocké temporairement au champ, composté en andain et retourné fréquemment :
1 Remarque : Il est obligatoire de se baser sur le type de fumier visé par les exigences les plus sévères quand on détermine la cote en fonction du % de matière sèche et du % de N plus % de P et ce, quel que soit le volume relatif de chaque type de fumier. 2 À noter que le rapport C:N est celui que présente le mélange au moment de son dépôt sur le lieu d'entreposage, car il diminue à mesure que le compostage avance. Afin de pouvoir stocker la matière pendant plus de 210 jours, il faudrait trouver un endroit qui ne soit pas situé au-dessus de tuyaux de drainage. On pourrait alors faire passer la durée d'entreposage permise à 270 jours, ce qui, dans la plupart des systèmes de compostage en andains, est plus que suffisant pour laisser au fumier le temps de se composter et de s'assécher convenablement avant d'être épandu. Exemple 5 Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de poulettes immédiatement recouvert d'une bâche imperméable mais respirante (la bâche a été fendue pour exposer le fumier solide) après l'évacuation du fumier à la sortie du lot de poulettes reproductrices de poulets à griller :
1 Le Règlement prévoit que la durée maximale d'entreposage permise à un endroit quel qu'il soit est de 300 jours. Lorsqu'on pratique l'élevage en bandes comme dans l'exemple précédent, l'utilisation de la bâche est plus commode, parce qu'une fois celle-ci fixée en place, il n'est plus nécessaire de la retirer jusqu'au moment de reprendre le tas pour l'épandre au champ. La présence d'une bâche compliquerait le travail s'il fallait rajouter plus fréquemment du fumier sur le tas. Exemple 6 Application des dix critères à un site d'entreposage temporaire au champ de fumier de bovins de boucherie, composté en andains et recouvert d'une bâche imperméable pouvant être soulevée et remise en place durant le retournement du fumier :
Donc, bien que ce lieu d'entreposage temporaire soit situé sur un sol léger et dans un champ qui est drainé par conduits souterrains, la présence de la bâche et le retournement du tas contribuent à réduire le risque de ruissellement de liquides contaminés. Cependant, il est toujours recommandé d'éviter autant que possible les zones drainées par conduits souterrains. Avis de non-responsabilité 2018 - Gestion des éléments nutritifs Les renseignements dans cette fiche technique sont fournis à titre d'information seulement et ne devraient pas être utilisés pour déterminer vos obligations légales. Pour ce faire, consultez la loi pertinente à www.ontario.ca/fr/lois. Si vous avez besoin de conseils juridiques, consultez un avocat. En cas de contradiction entre l'information fournie dans la fiche technique et toute loi applicable, la loi a préséance. Pour plus de renseignements : Sans frais : 1 877 424-1300 Local : 519 826-4047 Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||