Réponses à de fréquentes questions posées sur le fumier

Quand les prix des engrais commencent à augmenter, les questions sur le fumier augmentent aussi! Le fumier est un précieux trésor, de l'or brun en fait, pour les éleveurs qui reconnaissent sa valeur en éléments nutritifs et en matière organique. Cependant, l'offre accrue d'amendements organiques provenant de sources municipales ou d'exploitations agricoles qui génèrent plus de fumier que ce que peuvent recevoir leurs superficies disponibles représente un concept relativement nouveau pour bon nombre de producteurs de cultures qui ont accès à du fumier ou à d'autres matières organiques.

Pourquoi le fumier est-il utile?

Le fumier est riche en éléments nutritifs et en matière organique. Toutefois, comme les engrais commerciaux, l'utilisation du fumier doit être bien gérée pour que celui-ci soit pleinement assimilable par les plants et pour que les éléments nutritifs demeurent à l'endroit où ils ont été appliqués. En plus des éléments nutritifs que l'on retrouve dans les engrais commerciaux (NPK), le fumier contient aussi des oligoéléments, comme le soufre, le zinc, le manganèse et le calcium, ainsi que des microorganismes utiles pour le sol et qui contribuent à sa diversité microbienne. Comme les engrais commerciaux, leur valeur est étroitement liée à leur distribution. Pour que le fumier libère son plein potentiel, il est indispensable qu'il soit épandu de manière uniforme à l'aide d'un matériel bien réglé.

Quelle est la différence entre le fumier liquide et le fumier solide?

À l'exception des différences évidentes entre le fumier liquide et le fumier solide, c'est surtout par leur composition en éléments nutritifs que ces deux types de fumier diffèrent. Ainsi le phosphore a tendance à être plus abondant dans le fumier solide, alors que le potassium est plus abondant dans le fumier liquide. Le type d'azote présent dans le fumier liquide le rend plus semblable à l'azote qui provient de sources commerciales, alors que l'azote contenu dans le fumier solide se comporte presque que comme une forme d'azote à libération lente.

Figure 1. Injection de fumier liquide.

Figure 1. Injection de fumier liquide.

Quelle est la meilleure période pour épandre du fumier?

L'épandage de fumier liquide juste avant les semis ou sur une culture en croissance représente la meilleure méthode pour optimiser l'utilisation des éléments nutritifs tout en minimisant les impacts environnementaux. Le fumier liquide épandu au printemps peut répondre à plus de la moitié des besoins en azote d'une culture de maïs, alors que dans le cas de la plupart des fumiers solides de bovin, de mouton ou de cheval, il faudra apporter de bonnes quantités additionnelles d'azote. Le fumier solide provenant de ruminants, épandu à l'automne, va maximiser l'assimilation de l'azote pour la culture suivante, alors que dans le cas des fumiers liquides, ce sont les épandages au printemps ou sur les cultures qui vont maximiser l'assimilation d'azote.

Taux d'épandage recommandés

Les taux d'épandage dépendent des facteurs suivants :

  • Le niveau de fertilité du sol dans l'ensemble du champ :
    • Les champs plus pauvres en éléments nutritifs peuvent nécessiter des taux d'épandage plus élevés.
  • La fréquence des épandages de fumier.
  • Les besoins de la culture.
    • L'azote provenant du fumier ne doit pas dépasser les deux tiers aux trois quarts des besoins de la culture. Un épandage excessif peut entraîner de la verse, une hausse de la pression exercée par les maladies (comme la moisissure blanche) et un excès de phosphore.
  • Période d'épandage
    • La période d'épandage dépend des conditions du sol et de la température. Le degré d'humidité prévu et le temps requis pour l'incorporation devraient être pris en compte pour décider du taux et de la période d'épandage. Il est important de veiller à réduire le déplacement des éléments nutritifs épandus vers des zones non ciblées.

La température ne me permet pas d'effectuer les épandages comme prévu. Quels sont mes choix?

Les sols sont saturés et les tuyaux de drainage souterrains fonctionnent à pleine capacité. Voici quelques choix à considérer pour les épandages de fumier durant une saison humide. Il est cependant nécessaire dans ces cas de tenir compte des risques de contamination de l'eau à partir des systèmes de drainage souterrains et du ruissellement en surface.

  1. Serait-ce l'année pour recourir aux épandages à forfait? Un opérateur à forfait qui possède un système adapté au site en particulier ou un GPS peut repérer les zones où le fumier a été épandu et à quel taux, ce qui facilite l'application des apports additionnels d'engrais commerciaux.
  2. Envisager de recourir à une structure d'entreposage additionnelle, si disponible. Il se peut que des voisins disposent d'espace d'entreposage sous-utilisé.
  3. Sous des conditions de sol idéales, l'injection de fumier représente la meilleure méthode pour maximiser l'utilisation des éléments nutritifs et minimiser les impacts environnementaux. Par contre, l'injection de fumier liquide n'est pas un aussi bon choix dans les sols détrempés. Le lissage est plus courant dans les sols détrempés, surtout en présence de liquide additionnel et concentré à chaque point d'injection. L'épandage en surface sur des résidus de cultures, ou sur des cultures de couverture, suivi d'un travail du sol le plus tôt possible, diminuera les dommages attribuables au compactage dans les sols détrempés.
  4. Les risques de pertes d'éléments nutritifs dans le cas des épandages en hiver sont élevés et ces derniers ne devaient donc pas faire partie d'un plan d'épandage de fumier, sauf en cas d'urgence (dans le cadre d'un plan d'urgence). Si l'on doit épandre du fumier sur un champ enneigé, il faut tenir en compte de l'état du sol qui se trouve sous la neige. En effet, si le sol sous la neige est gelé, le risque de contamination par le ruissellement provenant de la neige fondante avec pluie est élevé. On doit se demander où se dirigera le ruissellement, car les éléments nutritifs risquent de ne pas se retrouver à l'endroit où ils étaient destinés.
  5. Épandre sur les champs ou les sections de champs dont la pente est la plus faible. Commencer idéalement avec les champs qui ne donnent pas sur une eau de surface. Au cours des périodes prolongées de temps pluvieux, l'écoulement de l'eau se fait de manière assez évidente dans la plupart des champs. Prendre note de ces zones et éviter les épandages de fumier lorsqu'on constate la présence d'accumulations d'eau ou de " ruisseaux " qui traversent le champ.
  6. Demeurer à distance des cours d'eau. Normalement, sous des conditions favorables, la distance recommandée entre le lieu d'épandage de fumier liquide et le cours d'eau est de 13 mètres (40 pi). Dans le cas d'épandages hivernaux d'urgence, la distance de séparation devrait être augmentée. La règlementation sur les éléments nutritifs, la distance minimale de séparation pour l'épandage de fumier liquide passe à 100 mètres (330 pi) dans le cas des épandages en hiver aux endroits où la pente vers le cours d'eau est supérieure à 3 %.
  7. Les puisards ou les avaloirs (de type Hickenbottoms) sont directement connectés aux eaux de surface. Quand les sols sont déjà saturés, le risque de contamination de l'eau par du fumier qui se déplace à travers les puisards augmente.
  8. Réduire le plus possible le taux d'épandage. Un volume de 5 600 gallons impériaux (6 800 gallons américains) équivaut à une couche de ¼ po (6 mm) épandue uniformément sur la largeur. Tenir compte des conditions du sol au moment de l'épandage. Si ¼ po de pluie est tombé en une minute, est-ce que le fumier risque de ruisseler ou de se déplacer?
  9. La surveillance demeure indispensable pour tous les scénarios d'épandage afin de prévenir la contamination des sources d'eau. En cas de besoin, communiquez avec le Centre d'intervention en cas de déversement au 1 800 268-6060. Toutefois, si le plan d'urgence a été révisé au préalable, on n'en aura probablement pas besoin.

Quand devrait-on incorporer le fumier?

Le fumier devait être incorporé dès que possible après l'épandage, afin que les éléments nutritifs soient distribués uniformément à travers le lit de semences. On estime que l'injection est une forme d'incorporation. L'injection a l'avantage de réduire les odeurs et de diminuer les pertes par volatilisation, surtout dans le cas des liquides.

Quelle est la valeur fertilisante du fumier?

Le fumier possède une valeur fertilisante en raison de sa teneur en éléments nutritifs et en matière organique. Le fumier épandu correctement donnera de meilleurs résultats que les engrais commerciaux et sera avantageux à plus long terme pour la santé du sol. Il est difficile d'attribuer une valeur monétaire à la matière organique et aux oligoéléments dont les cultures n'ont pas nécessairement besoin dans l'immédiat. La valeur dépend toutefois des besoins des cultures. La valeur des engrais commerciaux a beaucoup augmenté au cours de la dernière année. La valeur fertilisante varie selon les types de fumier et des animaux qui le génèrent. Les rations alimentaires, l'entreposage et l'ajout de litière ou d'eaux usées contribuent à modifier la composition des fumiers en termes d'éléments nutritifs. Il est recommandé de faire analyser la teneur en éléments nutritifs du fumier (y compris pour les oligoéléments, comme le soufre) au moment de l'épandre. Pour interpréter la valeur du fumier et ses éléments nutritifs assimilables, consulter le site ontario.ca/agrisuite (amendements organiques).

Comment prélever un échantillon de fumier?

Il est plus précis et plus facile de prélever un échantillon de fumier au moment de l'épandage. La meilleure méthode pour connaître les éléments nutritifs qui ont été appliqués au champ est de prélever des échantillons de plusieurs chargements durant l'épandage et de mélanger ensuite les sous-échantillons pour obtenir un échantillon représentatif de l'ensemble. Si les conditions d'entreposage ont varié (pas d'agitation ou tas de fumier solide), on obtiendra des résultats plus précis en prélevant un échantillon du premier et du dernier chargement dans chaque champ où le fumier est épandu, ce qui indiquera aussi le degré de variation dans les conditions d'entreposage. Conserver l'échantillon dans un endroit frais jusqu'à ce qu'il soit expédié au laboratoire. Tout laboratoire de l'Ontario accrédité pour les analyses de sol sera en mesure d'analyser les échantillons de fumier.


Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca