Des analyses géospatiales pour évaluer l'érosion

La cLa gestion des microorganismes du sol est peut-être le nouvel horizon à cibler pour améliorer la santé du sol, mais une chose n'a pas changé : on ne peut pas améliorer un sol qui n'existe plus ! Réduire l'érosion au minimum est donc la première étape d'un plan de gestion de la santé du sol.

Il y a un vieux dicton qui dit « on ne peut gérer que ce que l'on peut mesurer », mais en réalité l'érosion des sols est quelque chose de très compliqué, même pour les experts. Il n'est pas nécessaire de mesurer les isotopes de césium le long de la pente du champ. Ce qu'il faut, c'est atténuer les risques d'érosion.

Il y a quelque temps, afin d'estimer le risque d'érosion d'un champ, il fallait télécharger et apprendre à utiliser un logiciel particulier en vue d'effectuer les calculs requis pour résoudre l'équation universelle révisée des pertes de sols (RUSLE2). Les calculs exigent la collecte de données précises comme la longueur et l'inclinaison de la pente, lesquelles doivent être mesurées dans le champ ou estimées à partir de données topographiques recueillies à la ferme. Ces exigences compliquent l'évaluation du risque d'érosion et même en effectuant les calculs, on n'obtient qu'un chiffre. Est-ce suffisant? On a développé des méthodes perfectionnées pour établir les besoins en engrais, pourquoi ne pourrait-on faire de même pour évaluer les risques d'érosion? C'est maintenant possible.

En effet, un outil d'évaluation de l'érosion hydrique a été ajouté à l'Atlas de l'information agricole (AgriCartes). L'outil utilise l'équation RUSLE2 en arrière-plan en vue de calculer la quantité de sol perdue en raison de l'érosion hydrique au niveau du sous-champ. On obtient ainsi une carte du risque inhérent d'érosion hydrique qui calcule le risque en fonction de facteurs topographiques et pédologiques, ainsi qu'une carte d'estimation de l'érosion hydrique annuelle qui tient compte de la culture en place et des méthodes de travail du sol utilisées (le facteur « C » de l'équation RUSLE 2). Le présent article explique comment utiliser l'outil.

Utilisation de l'outil d'évaluation

Étape 1. Parcourir le site pour atteindre l'outil

Une fois qu'AgriCartes est ouvert, cliquer sur l'onglet « Balisage et impression ». Puis, cliquer sur « Créer la carte » et faire défiler le curseur jusqu'à « Carte des risques d'érosion hydrique ».

Figure 1. Navigation jusqu'à l'outil sur les risques d'érosion hydrique.

Figure 1. Navigation jusqu'à l'outil sur les risques d'érosion hydrique.

Étape 2. Sélectionner le champ

Faire un panoramique du champ. Il est également possible de passer à l'imagerie satellite (à droite de l'outil Street View de Google) lorsqu'on s'approche du champ.

Une fois que le champ apparaît à l'écran, cliquer sur le bouton polygonal « Limite du champ/Zone portant à intérêt ». Pour délimiter le champ, cliquer d'abord sur un coin, puis chaque fois qu'une limite est tracée. Pour compléter le périmètre du champ, double-cliquer le dernier point et la dernière ligne entre le dernier et le premier point sera créée automatiquement formant ainsi le polygone. On peut alors entrer le nom de l'exploitation agricole et le nom du champ.

L'outil va alors calculer automatiquement le risque inhérent d'érosion hydrique pour tout le champ, avec des codes de couleur selon l'intensité du risque. Il s'agit de l'ampleur de l'érosion qui se produirait si le champ était laissé dénudé pendant un an. On devrait reconnaître alors les éléments qui correspondent à la longueur de la pente, à son inclinaison et au type de sol.

Figure 2. Risque inhérent d'érosion hydrique.

Figure 2. Risque inhérent d'érosion hydrique.

Étape 3. Établissement du facteur C

Afin d'estimer l'érosion qui risque de survenir avec les pratiques utilisées actuellement, on doit d'abord établir le facteur C, lequel reflète à quel point les cultures et les pratiques de travail du sol utilisées atténuent le risque inhérent d'érosion. Une fois que la culture et la méthode de travail du sol sont sélectionnées, cliquer dans la case située à côté de « Afficher la carte des estimations annuelles d'érosion hydrique » afin de connaître à quel point le risque d'érosion a été atténué. On peut changer les pratiques de travail du sol et recalculer le tout pour vérifier l'effet qu'aurait un système différent.

Le soya cultivé sous paillis (c.-à-d. avec un travail minimum du sol) donne un facteur C de 0,3 et réduit l'érosion du sol de 12,2 tonnes/acre/an pour un sol nu à 3,7 tonnes/acre/an (figure 3). Dans le cas du soya en semis direct (sans travail du sol), ce facteur peut être réduit jusqu'à 1,5 tonne/acre/an (figure 4).

Figure 3. Carte des estimations annuelles d'érosion hydrique pour un champ de soya en travail minimum du sol.

Figure 3. Carte des estimations annuelles d'érosion hydrique pour un champ de soya en travail minimum du sol.

Figure 4. Carte des estimations annuelles d'érosion hydrique pour un champ de soya en semis direct.
Figure 4. Carte des estimations annuelles d'érosion hydrique pour un champ de soya en semis direct.

Limitations

Il est évident qu'il existe d'autres facteurs contribuant à l'érosion dans un champ que la culture en place et le type de travail du sol. La teneur en matière organique et le degré de compactage vont aussi avoir un effet sur la quantité d'eau qui s'infiltre dans le sol ou qui ruisselle. L'outil ne tient pas compte actuellement de ces facteurs.

Le champ illustré dans l'exemple présente une topographie complexe et des pentes qui convergent vers un fossé. Il s'agit là de conditions qui augmentent le risque d'érosion par ravinement causé par des ruissellements intenses, mais le programme RUSLE2 sur lequel est basé l'outil ne calcule actuellement que l'érosion en nappe.

Mises à jour

L'outil actuel représente la première phase sur quatre. La deuxième phase permettra de calculer le risque d'érosion par ravinement, et la troisième phase va intégrer le risque associé au travail du sol; enfin, la quatrième et dernière phase prévoit recommander le meilleur emplacement pour des mesures de lutte comme les voies d'eau gazonnées. Ces mises à jour seront publiées au cours de deux ou trois prochaines années.


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