Des solutions pratiques applicables à la ferme contre les mauvaises herbes problématiques

« Ne soyez pas trop près de vos sous. La lutte contre les mauvaises herbes est un investissement pour les cultures en place et celles à venir dans tous les champs ». C'était là le conseil donné en conclusion de son exposé de la productrice agricole Ann Vermeersch du comté de Norfolk et d'Oxford au cours de la FarmSmart Conference 2019 à Guelph. Devant un auditoire composé de 80 agriculteurs et agronomes, j'ai agi comme modérateur d'une séance avec Ann Vermeersch et Steph Kowalski, un conseiller accrédité en cultures et agronome en chef de Agronomy Company of Canada. Ces deux personnes ont fait part de leur point de vue sur l'importance de réduire au minimum les effets des mauvaises herbes sur la production culturale. Voici un résumé des principaux points abordés.

  1. Utilisez un herbicide radiculaire dans le maïs et le soya, même si vous avez semé des cultivars Roundup Ready. Le traitement avec un herbicide radiculaire élimine la compétition infligée par les mauvaises herbes en début de saison (au moment où cela cause le plus de pertes de rendement) et s'avère particulièrement utile les années de temps sec (figure 1). Les herbicides radiculaires améliorent l'efficacité ultérieure des herbicides appliqués en postlevée, car en présence de repousses, les mauvaises herbes ciblées sont moins abondantes et elles seront habituellement à des stades de croissance similaires (figures 2 et 3).
  2. Le désherbage automnal est prioritaire. Sur ce point, Ann Vermeersch s'accorde avec l'auditoire : les producteurs ne craignent pas de faire ces travaux en décembre, à la condition que les mauvaises herbes ciblées soient encore vertes et de pouvoir profiter de quelques jours après le traitement avec des températures au-dessus de 0° C. Les bienfaits d'une telle pratique ne sont pas évidents à l'automne, mais ils deviennent apparents au printemps, surtout dans le cas des vivaces. Bien que le glyphosate soit habituellement utilisé pour le désherbage automnal, Kowalski et Vermeersch préfèrent tous deux mélanger des produits ayant d'autres modes d'action, comme le 2,4-D ester.
  3. Explorez les possibilités associées aux cultures de couverture. Les deux présentateurs ont constaté que les cultures de couverture contribuaient à diminuer la présence de mauvaises herbes. Ann Vermeersch a partagé des photos d'un champ de maïs où la vergerette du Canada était à peu près inexistante dans une zone où du seigle céréalier avait été semé en culture de couverture l'automne précédent et d'autres photos d'une parcelle sans seigle céréalier en couverture où l'on pouvait voir une grande quantité de vergerettes (figure 4).

Cette séance interactive a permis aux participants de poser de nombreuses questions et de partager leurs expériences. La discussion a révélé que les mauvaises herbes qui lèvent tard constituent un défi majeur qui aurait besoin de faire l'objet de davantage de recherches et d'essais à la ferme. Qu'il s'agisse de la morelle noire de l'Est, de différentes espèces d'amaranthes ou de digitaires, plusieurs producteurs ont exprimé leur frustration envers les espèces qui lèvent après la période permettant un traitement herbicide raisonnable. Bien que ces mauvaises herbes semblent avoir peu de chance d'affecter le rendement de la culture durant la saison de croissance, on estime que les populations de ces mauvaises herbes augmentent la saison suivante.

Figure 1. Symptômes de stress hydrique sur des feuilles de maïs où il n'y a pas eu d'application d'herbicides radiculaires et où la lutte contre les mauvaises herbes a été effectuée par un traitement tardif en postlevée. (Photo : Steph Kowalski)

Figure 1. Symptômes de stress hydrique sur des feuilles de maïs où il n'y a pas eu d'application d'herbicides radiculaires et où la lutte contre les mauvaises herbes a été effectuée par un traitement tardif en postlevée. (Photo : Steph Kowalski)

Figure 2. Repousses de chénopode blanc après un traitement avec un herbicide radiculaire. À remarquer que les repousses sont plus petites (< 5 cm) et moins nombreuses à cet endroit comparativement aux sites où aucun herbicide radiculaire n'a été utilisé (figure 3)

Figure 2. Repousses de chénopode blanc après un traitement avec un herbicide radiculaire. À remarquer que les repousses sont plus petites (< 5 cm) et moins nombreuses à cet endroit comparativement aux sites où aucun herbicide radiculaire n'a été utilisé (figure 3).Figure 3. Plantules de chénopode blanc dans un champ de soya où aucun herbicide radiculaire n'a été appliqué. Le peuplement est abondant et la taille des plantules se situe entre 5 et 15 cm de hauteur

Figure 3. Plantules de chénopode blanc dans un champ de soya où aucun herbicide radiculaire n'a été appliqué. Le peuplement est abondant et la taille des plantules se situe entre 5 et 15 cm de hauteur.

Figure 4. Présence marquée de vergerette du Canada dans une section d'un champ de maïs sans seigle céréalier ensemencé comme culture de couverture l'automne précédent (à droite) comparativement à une section où du seigle céréalier a été ensemencé l'automne précédent (à gauche) (Photo : Ann Vermeersch).

Figure 4. Présence marquée de vergerette du Canada dans une section d'un champ de maïs sans seigle céréalier ensemencé comme culture de couverture l'automne précédent (à droite) comparativement à une section où du seigle céréalier a été ensemencé l'automne précédent (à gauche) (Photo : Ann Vermeersch).


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