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Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales

Tavelure du pommier

Les lésions fraîches de la tavelure du pommier ont un aspect velouté, vont du brun au vert olive et ont un contour diffus. Les lésions fraîches de la tavelure du pommier ont un aspect velouté, vont du brun au vert olive et ont un contour diffus. Avec le temps, les lésions vert olive de la tavelure deviennent brun foncé ou noires. Les lésions sur les feuilles plus vieilles sont surélevées, vont du vert foncé au gris-brun et ont des contours définis. Petite lésion de tavelure sur un fruit.  Lésion de tavelure devenue brune, liégeuse et croûteuse. Les fruits infectés par la tavelure alors qu’ils ne sont pas encore parvenus à maturité deviennent difformes et fissurés. Les infections des fruits qui se produisent vers la fin de l’été peuvent passer inaperçues au moment de la cueillette, mais elles se traduiront par l’apparition en cours d’entreposage, de lésions de la tavelure mouchetée.
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Débutant

Nom scientifique
Venturia inaequalis

Identification
Feuilles :

  • Les deux côtés peuvent développer des lésions, le revers des feuilles soit habituellement touché en premier.
  • Les lésions fraîches ont un aspect velouté, vont du brun au vert olive, ont un contour diffus et, souvent, ne sont perceptibles qu’après le stade calice.
  • Avec le temps, les lésions vert olive deviennent brun foncé ou noires.
  • Les lésions sur les feuilles plus vieilles sont en règle générale surélevées, vont du vert foncé au gris-brun, ont des contours définis et provoquent le gondolement de la feuille vers le bas.
  • Les feuilles qui sont fortement infectées par la tavelure s’enroulent vers l’intérieur, se rident et tombent au sol.

Fruits :

  • De petites taches apparaissent.
  • Au fur et à mesure que les taches s’étendent et vieillissent, leur centre perd l’aspect velouté et noircit, devient liégeux et croûteux.
  • Un fruit lourdement infecté devient difforme et fissuré.
  • Les infections qui se produisent vers la fin de l’été peuvent passer inaperçues au moment de la cueillette, mais se traduiront par l’apparition en cours d’entreposage, de points de la grosseur de têtes d’épingle (« tavelure mouchetée »), concentrés autour de la cuvette oculaire.

Souvent confondue avec

  • La tache vésiculaire - La tache vésiculaire se manifeste initialement sur les fruits par de petites cloques qui n’affectent que les pommes Mutsu, les lésions pénètrent la peau du fruit. La tavelure du pommier s’attaque à différentes variétés et les petites lésions ne pénètrent pas la peau. Toutefois à mesure qu’elles s’étendent les lésions fissurent la peau.
  • La tache de suie du pommier - La tache de suie du pommier n’apparaît que sur le fruit sous la forme de taches allant de brunes à vert olive à la surface de la peau. Les lésions causées par la tavelure du pommier s’attaquent à la fois aux fruits et au feuillage. Sur les fruits et les feuilles les lésions sont vertes et d’aspect velouté, puis en vieillissant elles deviennent noires et liégeuses.

Période d’activité
La tavelure du pommier est en activité du stade de la pointe verte jusqu’à la chute des feuilles en automne.

Notes de surveillance
À partir du stade de la pointe verte il faut inspecter les feuilles et les fruits à la recherche d’indices de la tavelure et consigner les résultats. Les températures et la durée pendant laquelle les feuilles restent mouillées sont aussi à consigner afin de déterminer la maturité des ascospores, et les périodes d’infection primaire et secondaire.

Seuils d’intervention
Il faut appliquer les fongicides pour éviter l’infection pendant les périodes où le temps favorise la propagation de la tavelure du pommier. Voir la publication 360 F, ainsi que dans la publication 310 F le tableau intitulé « Relation entre la température, l’humidité et l’infection par la tavelure ». Selon le modèle de degré jour servant à évaluer la maturité des ascospores (voir la publication 310 F), quand 125 DJC sont atteints le risque d’infection primaire est élevé. Quand 418 DJC sont atteintes, la période d’infection primaire est terminée s’il est tombé assez de précipitations. S’iI n’y a pas de tavelure après la fin de l’infection primaire, la dose de fongicides peut être diminuée en conséquence. Les infections secondaires surviennent seulement si des lésions sont présentes et produisent des conidies, et que le temps est favorable aux infections. 

Avancé

Nom scientifique
Venturia inaequalis

Identification
Les deux côtés des feuilles peuvent devenir infectés et développer des lésions, bien que le revers des feuilles soit habituellement touché en premier. Sur les feuilles, les lésions fraîches ont un aspect velouté, vont du brun au vert olive, ont un contour diffus et, souvent, ne sont perceptibles qu’après le stade de la chute des pétales. Avec le temps, les lésions vert olive deviennent brun foncé ou noires. Le nombre de lésions sur les feuilles varie au fil de la saison et de la sensibilité des cultivars. Les lésions sur les feuilles plus vieilles sont en règle générale surélevées, vont du vert foncé au gris brun, ont des contours définis et provoquent le gondolement de la feuille vers le bas. Les feuilles qui sont fortement infectées par la tavelure s’enroulent vers l’intérieur, se rident et tombent au sol.

Sur le fruit, apparaissent de petites taches qui s’étendent plus lentement que sur les feuilles (figure 4–119). Au fur et à mesure que les taches s’étendent et vieillissent, leur centre perd l’aspect velouté et noircit, devient liégeux et croûteux. Un fruit lourdement infecté devient difforme et fissuré s’il a été infecté avant d’être parvenu à maturité. Les infections des fruits qui se produisent vers la fin de l’été peuvent passer inaperçues au moment de la cueillette, mais elles se traduiront par l’apparition en cours d’entreposage, de points de la grosseur de têtes d’épingle. On parle alors de « tavelure mouchetée » et ces lésions ont tendance à se concentrer autour de la cuvette oculaire.

Souvent confondue avec

  • La tache vésiculaire - La tache vésiculaire se manifeste initialement sur les fruits par de petites cloques qui n’affectent que les pommes Mutsu, les lésions pénètrent la peau du fruit. La tavelure du pommier s’attaque à différentes variétés et les petites lésions ne pénètrent pas la peau. Toutefois à mesure qu’elles s’étendent les lésions fissurent la peau.
  • La tache de suie du pommier - La tache de suie du pommier n’apparaît que sur le fruit sous la forme de taches allant de brunes à vert olive à la surface de la peau. Les lésions causées par la tavelure du pommier s’attaquent à la fois aux fruits et au feuillage. Sur les fruits et les feuilles les lésions sont vertes et d’aspect velouté, puis en vieillissant elles deviennent noires et liégeuses.

Biologie
L’agent responsable de la tavelure hiverne dans les feuilles de pommiers infectées sur le sol du verger. Durant l’hiver et au début du printemps, de petits pseudothèces se forment à l’intérieur des feuilles infectées tombées au sol. Déjà au début du printemps, les ascospores qui servent d’inoculum primaire pour les infections de début de saison se forment à l’intérieur des pseudothèces.

La maturation des ascospores dans les feuilles mortes au pied des pommiers coïncide habituellement avec la sortie de dormance des pommiers. Ainsi, au printemps, les ascospores matures sont présentes et prêtes à infecter les premiers tissus verts. Le pourcentage d’ascospores matures présentes dans le verger atteint normalement un sommet quand les pommes sont entre le stade du bouton rose avancé et le début de la floraison.

À partir du moment où la dormance est levée chez les pommiers et que des tissus verts sont présents, il y a risque d’infection primaire quand les conditions suivantes se trouvent réunies :

  • présence d’ascospores matures dans les feuilles qui jonchent le sol;
  • conditions météorologiques qui favorisent la libération des ascospores et le déclenchement d’infections;
  • protection offerte par les fongicides insuffisante pour prévenir les infections.

Les ascospores matures sont libérées des pseudothèces par la pluie et soufflées par le vent vers les jeunes tissus verts. Pour qu’aient lieu la libération et la germination des ascospores ainsi que l’infection subséquente des tissus, il faut que ceux-ci restent mouillés à la suite d’une rosée ou d’une pluie. Les lésions vert olive à l’aspect velouté apparaissent de dix à vingt-huit jours après l’infection par une ascospore. Les lésions produites par les ascospores donnent lieu à des infections primaires qui, à leur tour, produisent des spores appelées conidies.

Les conidies sont disséminées depuis les lésions primaires par les éclaboussures d’eau de pluie et le vent. Elles provoquent de nouvelles infections quand le jeu combiné des températures et des périodes de mouillage des feuilles favorise leur germination et leur établissement. Ces infections, dites « secondaires », se produisent généralement sur le même arbre ou sur des arbres adjacents plutôt qu’à distance du site de l’infection primaire.

Il peut y avoir de multiples infections secondaires au cours d’une même saison de croissance. Quand les précipitations sont fréquentes, il devient extrêmement difficile de maîtriser la tavelure du pommier, surtout si la maladie résulte d’infections primaires qui se sont déclenchées au printemps.

Les jeunes feuilles non encore entièrement déployées sont très sensibles aux infections. Les vieilles feuilles peuvent devenir à nouveau sensibles au champignon à la fin de la saison; le mycélium qui était jusque-là inhibé à l’intérieur des tissus foliaires peut reprendre sa croissance, ce qui peut donner lieu à de nouvelles lésions visibles. Cette phase du cycle de la tavelure qui intervient dans l’épiderme a des répercussions considérables sur la propagation de la maladie, car elle produit l’inoculum primaire (de nouvelles ascospores) qui sera à l’œuvre le printemps suivant.

Période d’activité
La tavelure du pommier est en activité du stade de la pointe verte jusqu’à la chute des feuilles en automne.

Notes de surveillance
À partir du stade de la pointe verte il faut inspecter les feuilles et les fruits à la recherche d’indices de la tavelure et consigner les résultats. Les températures et les heures de mouillure des feuilles sont aussi à consigner afin de déterminer la maturité des ascospores, et les périodes d’infection primaire et secondaire.

Seuils d’intervention
Il faut appliquer les fongicides pour éviter l’infection pendant les périodes où le temps favorise la propagation de la tavelure du pommier. Selon le modèle de degrés-jours servant à évaluer la maturité des ascospores, quand 125 DJC sont atteints le risque d’infection primaire est élevé. Quand 418 DJC sont atteintes, la période d’infection primaire est terminée s’il est tombé assez de précipitations. S’iI n’y a pas de tavelure après la fin de l’infection primaire, la dose de fongicides peut être diminuée en conséquence. Les infections secondaires surviennent seulement si des lésions sont présentes et produisent des conidies, et que le temps est favorable aux infections. 

Notes de surveillance

Surveillance de la météo
Des données météorologiques précises fournissent les maximums et minimums quotidiens qui sont indispensables à l’utilisation du modèle de degrés jours servant à évaluer la maturité des ascospores et la date probable des infections primaires (tel qu’il est indiqué ci-dessous). Le matériel de surveillance météorologique fiable dans le verger mesure la température, l’humidité relative, la période de mouillage des feuilles; autant de données utiles à la détermination de la maturité des ascospores et à la détermination des périodes d’infection.

Détermination du niveau d’inoculum
L’incidence de la tavelure à la cueillette ne reflète pas nécessairement la pression exercée par la maladie dans le verger, étant donné que des infections foliaires peuvent encore se déclencher après la cueillette. Afin de prévoir l’importance de l’inoculum dans le verger au printemps, évaluer la tavelure sur les feuilles à l’automne utilisant la méthode de la dose potentielle d’ascospores.

Fin septembre début octobre, avant la chute des feuilles, évaluer l'incidence de la tavelure en procédant comme suit.

Choisir un schème d'échantillonnage de manière à échantillonner tous les 10-30 pommiers en veillant à inclure des pommiers provenant du bloc au complet. S'assurer d'examiner au total 600 pousses. Voici trois schèmes d'échantillonnage possibles :

  • 20 pousses de chacun de 30 pommiers (pour un bloc de 300 à 900 pommiers);
  • 15 pousses de chacun de 40 pommiers (pour un bloc de 400 à 1 200 pommiers); ou
  • 10 pousses de chacun de 60 pommiers (pour un bloc de 600 à 1 800 pommiers).

Voici comment procéder pour l'échantillonnage :

  • Sur chaque pommier choisi, examiner les pousses au hasard dans les parties supérieure, inférieure, intérieure et extérieure de la frondaison. Il est particulièrement important d'inclure les pousses situées près du sommet du pommier. C'est à cet endroit que la tavelure risque davantage de sévir, car les rameaux s'y trouvent souvent hors d'atteinte des produits qui ont été pulvérisés. Si les gourmands sont nombreux, inclure un gourmand par pommier.
  • Sur chaque pousse choisie, observer les faces supérieure et inférieure des feuilles et noter le nombre de feuilles présentant au moins une lésion de tavelure, en incluant les lésions soupçonnées d'être des lésions causées par la tavelure.
  • Faire la somme des feuilles portant des lésions de tavelure.
  • Si les feuilles atteintes de tavelure totalisent 50 ou moins, considérer que le niveau d'inoculum qui occasionnera des infections dans le verger le printemps suivant est faible. Le premier traitement fongicide dirigé contre la tavelure du pommier peut en toute sécurité être repoussé jusqu'au stade prébouton rose.
  • Si les feuilles atteintes totalisent un nombre entre 50 et 100 : Là où les évaluations de l'inoculum effectuées à l'automne correspondent à moins de 53 feuilles infectées sur 600 pousses, il est possible, la plupart des années, de sauter la pulvérisation prévue au stade de la pointe verte. Cette stratégie est risquée dans les vergers où la tavelure affiche une résistance aux fongicides à base de  dodine et aux fongicides à base de DMI, car il n'existe sur le marché aucun fongicide ayant une action pré-symptômes pour remédier à une éventuelle erreur. Choisir les interventions phytosanitaires appropriées, les mettre en pratique et considérer que le niveau d'inoculum qui causera des infections le printemps prochain est faible.
  • Attention! Si le nombre de feuilles atteintes est supérieur à 100 : Le taux d'inoculum dans le verger est élevé. Le printemps suivant, mettre en place un programme de pulvérisations de fongicides à action préventive dès le stade de la pointe verte.

Ne pas recourir à la méthode de la dose potentielle d'ascospores dans les situations suivantes :

  • Des fongicides à base de DMI ont été appliqués au cours de la saison, surtout s'ils l'ont été pour leur action post-infection. Ces fongicides inhibent les lésions de tavelure sans les détruire, et cette inhibition cesse à l'automne. La méthode de la dose potentielle d'ascospores ne permet pas de déceler ces lésions à l'automne.
  • Il se trouve dans un rayon de 200 m du périmètre du verger des pommiers sauvages infectés par la tavelure qui contribuent à propager l'inoculum.

Réduction de l’inoculum de la tavelure

Même si les producteurs ont peu d’emprise sur les conditions météorologiques, ils peuvent réduire l’inoculum et s’assurer d’une protection fongicide convenable. Les méthodes que voici permettent de réduire l’inoculum dans les vergers.

  • L’épandage d’urée (45 kg d’urée agricole/1 000 L d’eau/ha) sur le sol du verger une fois qu’environ 95 % des feuilles sont tombées (novembre) ou au printemps (avril) avant le débourrement réduit le nombre d’ascospores. L’urée agit en inhibant directement le développement des ascospores et en stimulant la croissance des organismes naturellement présents qui sont des antagonistes du champignon responsable de la tavelure. La plupart des années, le traitement est plus efficace s’il est effectué au printemps; il réduit le nombre d’infections des feuilles et des fruits. Toutefois, quand la neige subsiste jusqu’au débourrement, l’urée a peu de temps pour agir, de sorte que le traitement est alors moins efficace.
  • On peut aussi déchiqueter les vieilles feuilles tombées l’automne précédent, afin de réduire les niveaux d’inoculum. Râteler ou souffler les feuilles sous les arbres et les déchiqueter à l’aide d’une débroussailleuse. Des feuilles déchiquetées se décomposent plus rapidement.

Périodes d’infections primaires

Au moment du débourrement, des ascospores matures sont toujours présentes dans les feuilles infectées ayant passé l’hiver dans le verger. Le nombre d’ascospores présentes dépend de la quantité d’inoculum qui se trouve sur les feuilles de l’année précédente. Le rythme auquel les ascospores parviennent à maturité sur les feuilles de l’année précédente est surtout fonction de la température.

Des chercheurs de l’Université Cornell ont mis au point un modèle qui établit un lien entre la température et la maturation des ascospores. Ce modèle, exprimé en degrés-jours Celsius (DJC), permet de prévoir le pourcentage d’ascospores parvenues à maturité durant la saison. Pour plus d’information, voir la figure 1, Pourcentage cumulatif d’ascospores à maturité en fonction des degrés-jours accumulés.
Les degrés-jours accumulés au quotidien sont calculés comme suit :

DjC = ((°C quot. max. + °C quot. min.) ÷ 2) - °C de base min.

La température de base minimale pour la prolifération de la tavelure est de 0 °C.

Par exemple, pour une journée où le maximum est de 10 °C et le minimum de 2 °C, le nombre de degrés-jours sera de 6 DJC. Si le maximum ou le minimum quotidien est inférieur à 0 °C, on substitue à cette valeur négative la valeur de zéro. On commence à additionner les degrés-jours à partir du débourrement, c.-à-d., à partir du jour où, chez les pommiers McIntosh, 50 % des boutons sont entre le stade de la pointe argent et celui de la pointe verte.

On se sert de la somme des degrés-jours pour obtenir une estimation du pourcentage des ascospores parvenues à maturité à partir de la courbe centrale du graphique de la figure 1, Pourcentage cumulatif d’ascospores à maturité en fonction des degrés-jours accumulés. Les courbes qui encadrent la courbe centrale représentent les limites inférieure et supérieure de l’intervalle de confiance de 90 % se rapportant aux estimations portées sur le graphique. Cela veut dire que dans 90 % des cas, l’estimation doit être contenue dans cet intervalle.

Figure 1. Pourcentage cumulatif d’ascospores à maturité en fonction des degrés-jours accumulés

Figure 1. Pourcentage cumulatif d’ascospores à maturité en fonction des degrés-jours accumulés

Sur ce graphique, deux points présentent un intérêt particulier :

  • 125 DJC, il y a une maturation rapide des ascospores, ce qui révèle un risque plus élevé d’infections.
  • À 418 DJC, plus de 95 % de la réserve d’ascospores devrait être épuisée s’il s’est produit suffisamment d’épisodes pluvieux. Ce point marque la fin de la saison des infections primaires. Grâce à ce modèle, le producteur peut obtenir une prévision de la maturité des ascospores et de leur libération qui est spécifique à son ou ses vergers.

Les ascospores sont libérées quand de la pluie humidifie les pseudothèces qui se trouvent sur les feuilles mortes. La majorité des spores à maturité disponibles sont libérées dans les deux heures qui suivent le début d’un épisode de pluie. La libération des ascospores est fortement conditionnée par la lumière, de sorte que seulement un petit pourcentage des ascospores disponibles sont libérées pendant la nuit, entre 19 h et 8 h, heure avancée de l’Est (HAE).

Sur ce graphique, deux points présentent un intérêt particulier :

  • 125 DJC, il y a une maturation rapide des ascospores, ce qui révèle un risque plus élevé d’infections.
  • À 418 DJC, plus de 95 % de la réserve d’ascospores devrait être épuisée s’il s’est produit suffisamment d’épisodes pluvieux. Ce point marque la fin de la saison des infections primaires. Grâce à ce modèle, le producteur peut obtenir une prévision de la maturité des ascospores et de leur libération qui est spécifique à son ou ses vergers.

Les ascospores sont libérées quand de la pluie humidifie les pseudothèces qui se trouvent sur les feuilles mortes. La majorité des spores à maturité disponibles sont libérées dans les deux heures qui suivent le début d’un épisode de pluie. La libération des ascospores est fortement conditionnée par la lumière, de sorte que seulement un petit pourcentage des ascospores disponibles sont libérées pendant la nuit, entre 19 h et 8 h, heure avancée de l’Est (HAE).

  • Dans les vergers à faible réserve d’inoculum, les ascospores ne sont pas libérées en quantité appréciable durant la nuit.
  • Dans les vergers où la réserve d'inoculum est élevée, malgré le fait que le pourcentage d'ascospores libérées la nuit soit faible, le nombre total d'ascospores libérées demeure élevé et peut donc entraîner une infection primaire majeure  par la tavelure.
  • Si la tavelure a sévi dans le verger la saison de croissance précédente, considérer que la réserve d’inoculum dans le verger est élevée.

Dans un verger à faible réserve d’inoculum, calculer la durée de la période de mouillage en utilisant la méthode suivante:

  • Quand la pluie commence pendant la journée, entre 8 h et 19 h (HAE), compter le nombre d’heures s’écoulant à partir du début de la pluie jusqu’au moment où les feuilles sont de nouveau sèches.
  • Quand la pluie commence pendant la nuit, entre 19 h et 8 h (HAE), compter le nombre d’heures pendant lesquelles les feuilles restent mouillées à partir de 8 h le matin.

Dans un verger où l’inoculum est élevé, calculer la longueur de la période de mouillage, à partir du début de la pluie jusqu’à ce que les feuilles soient sèches, quel que soit le moment de la journée. Dans un verger où l’inoculum est élevé, si la pluie commence pendant la journée, continuer de compter les heures pendant lesquelles les feuilles restent mouillées même après la tombée du jour.

La libération des ascospores n’est possible que s’il pleut, et les feuilles et les fruits doivent rester mouillés pendant un certain temps pour être atteints par l’infection. La longueur de la période de mouillage requise pour que l’infection se déclare varie avec la température. Le rapport entre la durée du mouillage et la température est indiqué au tableau 1, Relation entre la température, la période de mouillage et l’infection par la tavelure du pommier.

Une fois déterminée la longueur de la période de mouillage, calculer la température moyenne durant cette période et consulter le tableau 1, Relation entre la température, la période de mouillage et l’infection par la tavelure du pommier, pour vérifier si les feuilles sont restées mouillées assez longtemps pour que l’infection se déclare.

L’infection secondaire se produit quand des lésions primaires sont présentes à la suite d’infections primaires. Au départ, les lésions sont très difficiles à voir, d’où l’importance du dépistage et de la prévention à l’aide de fongicides.

Tableau 1. Relation entre la température, la période de mouillage et l’infection par la tavelure du pommier

Temp. moy.
(°C)

Nombre d’heures minimal
où le feuillage doit être mouillé

Infection primaire
(infection par ascospores)

Infection secondaire
(infection par conidies)

1

40

37

2

34

33

4

27

26

5

21

23

6

18

20

7

15

17

8

13

15

9

12

13

10

11

12

11

9

10

12

8

9

13

8

9

14

7

9

15

7

9

16

6

9

17

6

8

18

6

8

19

6

8

20

6

7

21

6

7

22

6

7

23

6

8

24

6

9

25

8

11

26

11

14

D’après Stensvand, Gadoury, Amundsen, Semb et Seem, 1997, Phytopathology 87 : 1046-1053.

Périodes d’infection secondaire
L’infection secondaire par la tavelure se produit lorsque des conidies qui proviennent de lésions primaires sur les feuilles sont propagées par les éclaboussures de pluie. Comme les infections primaires, les infections secondaires ne se produisent que si l’humidité apportée par la pluie est présente suffisamment longtemps, à une température donnée. Les infections secondaires peuvent se produire aussi bien le jour que la nuit, de sorte qu’on calcule leur durée depuis le début de la période de mouillage, quel que soit le moment de la journée. Consulter le tableau 1, Relation entre la température, la période de mouillage et l’infection par la tavelure du pommier.

Effet de la pluie intermittente et de la rosée sur les périodes d’infectionLes périodes de rosée ou de forte humidité (plus de 90 %) contribuent aussi à la période effective de mouillage, mais elles ne jouent un rôle important que si elles ont été précédées de pluies. Il faut cumuler le nombre d’heures de mouillage durant des pluies intermittentes pour déterminer la durée d’une période d’infection, à moins que ces dernières ne soient interrompues par 10 heures ou plus de temps sec et ensoleillé.

Infection des fruits
Plus l'état de maturité des fruits est avancé, plus les périodes de mouillage doivent se prolonger pour que les infections par la tavelure soient possibles. Le tableau 2, Relation entre la température, la période de mouillage, le nombre de semaines après la pleine floraison et l'infection secondaire des fruits par la tavelure du pommier, illustre cette relation.

Tableau 2. Relation entre la température, la période de mouillage, le nombre de semaines après la pleine floraison et l'infection secondaire des fruits par la tavelure du pommier

Température 
moyenne (°C)

Heures de mouillage pour une infection de 2 % des fruits

1 semaine après la floraison

5 semaines après la floraison

10 semaines après la floraison

15 semaines après la floraison

10

13,0

26,0

37,0

45,5

12

10,0

21,6

31,0

38,0

14

8,5

18,5

26,5

32,5

16

7,5

16,0

23,0

28,5

18

6,5

14,5

20,5

25,5

20

6,0

13,0

18,5

23,0

Adaptation d'après : Schwabe, W.F.S., A.L. Jones et J.P. Jonker. « Changes in Susceptibility of Developing Apple Fruit to Venturia inaequalis » dans Phytopathology, 74:118-121, 1984. Essais réalisés sur les cultivars Golden Delicious, Starking Delicious, Starkrimson Delicious, White Winter Pearmain.

La période pendant laquelle les fruits doivent rester mouillés pour que le champignon de la tavelure les infecte est plus longue que la période de mouillage requise pour l'infection des feuilles. Dans les vergers dont l'infection primaire des feuilles a été faible, on peut retenir la période plus longue nécessaire à l'apparition de l'infection du fruit là où seule la tavelure du fruit pose un problème. Si on ne traite pas contre la tavelure durant la saison de croissance, l'infection des feuilles est capable d'engendrer de grosses quantités d'inoculum qui libérera des ascospores en abondance l'année suivante.

Lutte contre la tavelure à l'aide de fongicides
Les fongicides sont utilisés pour lutter contre la tavelure du pommier dans la plupart des vergers commerciaux. Voir la publication 360F du MAAARO, Guide de protection des cultures fruitières, pour de l'information sur l'action des différents fongicides employés contre la tavelure du pommier.

Lutte en début de saison
Les programmes de lutte contre la tavelure primaire reposent principalement sur le choix du moment propice au traitement et du type de fongicide utilisé. Il y a deux approches générales: 1) programme de traitements fongicides préventifs avant que l’infection se déclare ou 2) programme de traitements fongicides une fois l’infection déclarée, mais avant l’apparition des symptômes.

Fongicides à action protectrice - Les résidus laissés par ces fongicides inactivent et tuent les spores, ce qui empêche l'infection. Ces produits sont formulés de manière à maintenir leur adhérence au feuillage s'il pleut une fois que la bouillie a eu le temps de sécher. En cas de pluie, une faible proportion des résidus se dissout à nouveau et se trouve redistribuée sur les tissus qui avaient été traités, mais non sur les feuilles ou les fruits qui ne l'avaient pas été. Avec ces produits, il est important de bien couvrir tout le feuillage des deux côtés des feuilles et toute la surface des fruits. On applique ces fongicides sur les feuilles en train de se déployer, au moment où les infections sont imminentes.

Pulvérisations pré-symptômes (post-infection) - Un traitement post-infection est un traitement réalisé au cours d'une période donnée suivant le début de l'infection. Le moment où doit se faire le traitement pour que celui-ci soit efficace dépend du produit utilisé et de la température moyenne. Il ne faut pas compter sur les traitements pré-symptômes (post-infection) pour combattre la tavelure. Pour que ce genre de programme de pulvérisations soit efficace, il est nécessaire de posséder un pulvérisateur bien calibré qui recouvre complètement les feuilles et les fruits sous de mauvaises conditions météorologiques.

  • Les fongicides sont appliqués sur le feuillage en croissance avant que l’infection se déclare. Appliquer les fongicides quand les conditions propices aux infections sont imminentes.
  • Commencer les programmes de traitements fongicides entre le stade de la pointe argent et celui de la pointe verte. Poursuivre les traitements à intervalles de sept à dix jours en optant pour les intervalles les plus rapprochés si les pluies sont fréquentes et abondantes ou que la croissance des pousses est rapide.
  • De la première pulvérisation en couverture jusqu’au début août, pulvériser les fongicides à intervalles de 10-14 jours, selon la fréquence des averses.
  • Il faut protéger les nouvelles pousses et les fruits en croissance, et remplacer les résidus emportés par la pluie. Les fongicides du groupe des inhibiteurs de la déméthylation (DMI) (Nova, Fullback, Inspire Super) font exception à cette règle. Dans leur cas, on effectue les pulvérisations à intervalles de 5-7 jours, quelle que soit la pluviosité.
  • Les DMI étant peu efficaces contre les tavelures, on ne commence pas à les employer après la floraison.
La pluie n’emporte pas facilement certains fongicides, et les résidus sont alors redistribués. Voir la publication 360F du MAAARO, Guide de protection des cultures fruitières, pour de l’information sur la rétention et la redistribution des fongicides utilisés contre la tavelure du pommier.

Lutte contre la tavelure du pommier sous de mauvaises conditions atmosphériques
Il arrive souvent que plusieurs jours de temps doux et pluvieux se suivent au printemps. Ces conditions atmosphériques favorisent l’apparition d’infections par la tavelure du pommier. Il est alors souvent difficile de garder une quantité suffisante de fongicide sur les arbres fruitiers pour assurer la protection du feuillage et des fruits en plein développement.

  • En cas de doute quant à la protection offerte, il est préférable de pulvériser un fongicide préventif entre deux averses que de ne faire aucun traitement. Dans un tel cas, il faut se servir d’un fongicide affichant une bonne persistance, par exemple, des produits à base de mancozèbe comme Dithane, Manzate et Penncozeb.
  • Un traitement postinfection peut s’imposer si le fongicide à action protectrice est trop dilué pour empêcher le champignon de la tavelure de s’attaquer au feuillage ou aux fruits.
  • S’il y a infection, les taches de la tavelure deviendront visibles sur le feuillage et sur les fruits environ 9 jours plus tard à 20 °C, ou 14-21 jours plus tard si la température moyenne est de 12 °C ou moins. Une fois les taches apparues, il faut éviter d’employer des fongicides auxquels les pommiers risquent fort de devenir résistants (DMI, strobilurines, SDHI) et s’employer à prévenir la propagation des infections aux tissus encore sains.
  • Des vents forts peuvent nuire à la pulvérisation en faisant dériver les pesticides loin de la cible visée. Les pulvérisations faites le soir ou en matinée peuvent réduire les risques de dérive. Abaisser la trajectoire du jet pulvérisé dans le vent peut faciliter l’application du fongicide, mais il faut s’assurer que la cime des arbres est bien couverte de fongicide.

Lutte contre la tavelure secondaire
En utilisant le modèle fondé sur la somme des degrés-jours, on est en mesure de déterminer la fin de la saison des infections primaires. Quand 418 DJC se sont accumulés, plus de 95 % des ascospores sont à maturité et après une pluie d’une certaine abondance, toutes les ascospores de la saison de croissance sont libérées. Passé ce stade, attendre deux semaines avant d’examiner les arbres pour vérifier si la tavelure est encore présente. En effet, les lésions peuvent mettre 14 jours à apparaître après une période d’infection par le champignon de la tavelure. S’assurer de vérifier de près dans la partie supérieure des arbres de haute tige et en tout autre endroit qui n’aurait pas été suffisamment bien couvert par la bouillie fongicide, notamment dans les ramures denses.

Dans un verger où les infections primaires ont été maîtrisées, on peut réduire les doses de fongicides et allonger l’intervalle entre les pulvérisations pendant le reste de la saison de croissance. Par contre, si l’on constate des lésions de tavelure, on doit maintenir le programme de pulvérisations fongicides jusqu’à la fin de la saison de croissance.

Résistance aux fongicides
Comme l'apparition d'une résistance à plusieurs des groupes de fongicides employés par les pomiculteurs est à craindre chez l'agent de la tavelure, il est primordial de tout mettre en œuvre pour réduire ce risque au minimum. Voici les stratégies à adopter pour éviter ou maîtriser l'apparition de populations d'agents de la tavelure du pommier résistant aux fongicides dans les vergers :

  • Toujours utiliser en alternance des produits de différents groupes chimiques dans le cadre d'un programme de pulvérisations.
  • Ne jamais dépasser le nombre maximal de traitements indiqué sur l’étiquette.
  • Toujours utiliser la pleine dose dans le cas des fongicides agissant sur un seul site (DMI, strobilurines, SDHI) avec une demi-dose à une dose complète d’un fongicide à action protectrice.
  • Ne pas sauter les pulvérisations prévues au stade de la pointe verte.
  • Accepter de faire les pulvérisations avec fongicides à action protectrice, sous la pluie s'il le faut, en tenant compte qu’il y aura perte de l'effet rémanent.
  • Toujours appliquer les fongicides pour leur action préventive avant l'infection et non une fois l'infection déclarée. Les applications faites à des fins curatives risqueraient d'encourager la sélection de populations résistant aux fongicides.
  • Toujours employer les fongicides aux doses indiquées sur l'étiquette. Les doses réduites de fongicides peuvent augmenter le nombre de sujets résistants à l'intérieur du verger.
  • S'assurer d'obtenir un recouvrement complet en employant le volume d'eau approprié. Ne pas se contenter de pulvériser une rangée sur deux.
  • Ne pas prolonger les intervalles entre les pulvérisations au delà de ceux qui sont inscrits sur l'étiquette. Raccourcir les intervalles s'il a plu.
  • Mettre en place des mesures de protection phytosanitaires afin de réduire l'importance de l'inoculum le printemps suivant.
  • Ne pas pulvériser de fongicides du groupe DMI, strobilurines ou SDHI en présence de lésions de tavelure, sous peine de favoriser l'apparition d'une résistance.

Cultivars résistant à la tavelure
Il existe maintenant de nombreux cultivars qui affichent une grande résistance à la tavelure ou qui ont acquis une immunité contre elle sur le terrain. Certains de ces cultivars affichent aussi une résistance à d’autres maladies. Le tableau 3, Résistance des cultivars à la tavelure du pommier et à d'autres maladies, dresse une liste partielle de cultivars résistant à la tavelure qu'on trouve sur le marché. Notons que d'autres cultivars sont en voie d'être mis au point.

Avant de planter un grand nombre de pommiers d'un cultivar dit résistant, évaluer la résistance aux maladies, la qualité fruitière et, tout spécialement, les possibilités de mise en marché de ses fruits. En raison des conditions de croissance très variables qui prévalent dans les différentes régions pomicoles de l'Ontario, le meilleur moyen d'évaluer ces cultivars consiste en l'implantation préalable d'un petit nombre d'arbres dans la région en question.

Tableau 3. Résistance des cultivars à la tavelure du pommier et à d'autres maladies

Cultivar

Tavelure du pommier

Blanc (oïdium)

Brûlure bactérienne

Rouille du genévrier

Rouille du cognassier

Belmac 

MR

I

I

I

Britegold

R

R

R

S

S

Dayton

R

MR

MR

S

S

Enterprise

R

MR

R

R

I

Freedom

R

MR

R

MR

I

Florina (Querina®)

R

T

MR

I

I

Goldrush

R

MR

MR

S

I

Jonafree

R

MR

MR

S

MR

Liberty

R

R

R

R

MR

Macfree

R

MR

MR

R

S

McShay

R

S

I

I

I

Moira

R

S

S

R

S

Murray

R

R

MR

R

S

Nova Easy-gro

R

R

S

R

S

Novamac

R

MR

I

R

S

Novaspy

R

MR

I

S

S

Prima

R

MR

MR

S

S

Primevere

R

I

I

S

S

Priscilla

R

R

R

R

I

Pristine

R

R

MR

S

MR

Redfree

R

MR

MR

R

S

Richelieu

R

MR

MR

S

S

Rouville


sensible à la race 5

I

I

I

S

Sir Prize

R

MR

MR

S

S

Trent

R

MR

MR

S

S

William's Pride

R

MR

MR

R

S

* Les évaluations des cultivars n'ont pas toutes été faites en Ontario. Le cas échéant, les données proviennent de la source consultée.

Cotes de résistance aux maladies:
R - résistant (aucune mesure de lutte nécessaire). 
MR - modérément résistant (des mesures de lutte peuvent être nécessaires là où la pression exercée par la maladie est forte).
S - sensible (mesures de lutte nécessaires dans les régions où la maladie est répandue).
I - résistance inconnue.